Bank Audi finalise le rachat de la branche égyptienne de la National Bank of Greece, qui dispose de 18 agences au Caire ainsi que d’autres importantes villes égyptiennes.
«Nous sommes ravis de cette transaction qui s’inscrit dans le plan de croissance de Bank Audi Égypte visant à améliorer son positionnement sur le marché et à ouvrir de nouvelles branches», a déclaré le PDG par intérim de Bank Audi Égypte, Mohammad Bedier dans un communiqué de la banque.
Cette transaction, qui attend encore le feu vert des autorités bancaires égyptiennes, confirme l'intérêt du groupe libanais pour le marché égyptien. Outre ce rachat, la filiale égyptienne du groupe, Bank Audi Egypt, prévoit en effet l’ouverture de neuf nouvelles agences en 2019, ce qui portera leur nombre total à 55 en fin d’année.
Le groupe libanais s’est implanté en Égypte en 2006 en reprenant la Cairo Far East Bank, qui comptait seulement quatre agences et un peu moins d’un millier de clients. Banque universelle, Bank Audi Egypt est aujourd’hui présente dans la région du Grand Caire ainsi que dans les principales agglomérations du pays. «Nos parts de marché varient entre 1,5 et 2 % selon les critères. En termes de visibilité, nous nous positionnons entre le 7e et le 8e plus grand réseau bancaire privé d’Égypte», affirme Freddie Baz, directeur de la stratégie du groupe.
Fin 2018, la filiale égyptienne affichait 3,9 milliards d’actifs, 3,2 milliards de dollars de dépôts, 390 millions de dollars de fonds propres et 1,7 milliard de dollars de crédits. «C’est une banque qui a su bâtir une franchise assez importante, notamment en ce qui concerne le nombre de comptes et de clients. Elle contribue notablement à l’augmentation des résultats globaux du groupe», fait encore valoir Freddie Baz.
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Avec des bénéfices nets en hausse de plus de 24 % en un an, à 64 millions de dollars, la filiale égyptienne est la deuxième plus importante pour le groupe après celle de la Turquie, représentant 8,3 % des actifs consolidés du groupe et 12,8 % des profits à fin 2018.
Avec 19 % de rentabilité sur fonds propres et 2 % sur actifs, la banque égyptienne fait mieux que la moyenne des banques alpha (les 16 plus grandes banques libanaises) dont les ratios de rentabilité étaient de 10,91 et 0,91 % en 2018.
Si Freddie Baz se félicite de ces “bons résultats”, c’est que l’Égypte est passée par plusieurs crises politiques et économiques depuis 2011. «La filiale égyptienne a fait preuve d’une extrême résilience», précise le directeur de la stratégie du groupe Audi. «Au moment du printemps arabe, nous sommes entrés dans une phase de consolidation. Nous avons réduit nos ambitions de croissance afin de préserver la qualité de nos actifs. Cela paie : aujourd’hui, notre ratio de créances douteuses se situe aux alentours de 2 %, soit l’un des moins élevés du secteur.» Et malgré la dévaluation de la livre égyptienne, qui a perdu la moitié de sa valeur, passant de 8,8 livres en 2016 à 18 livres pour un dollar, la banque a continué à croître organiquement. « À taux de change constant, sur la base de 2010, nos actifs auraient atteint 12 milliards de dollars fin 2018.»
Freddie Baz dit croire au potentiel du pays dont la population reste très largement sous-bancarisée : seule 15 à 20 % de la population a en effet accès à des services financiers. « Mais surtout, l’Égypte est en passe de réussir son programme d’ajustements structurels. » Le pays affichait 5,3 % de croissance en 2018 et devrait connaître un niveau similaire en 2019. Signe qui ne trompe pas, selon Freddie Baz : «Les investisseurs recommencent à s’intéresser aux créances égyptiennes, qu’il s’agisse d’eurobonds ou de bons du Trésor locaux.»