Avec une croissance estimée à 0 % au premier semestre par le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, les perspectives de l’économie libanaise pour 2019 sont moroses. La hausse des taux d’intérêt bancaires depuis fin 2017 rend toutefois les dépôts attractifs, notamment en livres libanaises. Ceux-ci offraient une rémunération moyenne de 8,83 % en mai, contre 6,61 % un an plus tôt. Pour les dépôts en dollars, la moyenne des taux servis était de 5,67 % contre 4,02 % en 2018. « Des rendements aussi élevés reflètent le risque accru du pays », prévient toutefois Nelly Ghazal, directrice de conseil en investissement et gestion de portefeuille à Saradar Bank. Pour elle, il y a actuellement deux opportunités d’investissement intéressantes au Liban : les eurobonds et l’immobilier. Les obligations émises par l’État libanais en dollars ont en effet vu leur rendement augmenter, atteignant par exemple 12,06 % fin juin pour les eurobonds arrivant à échéance en avril 2021.
Quant aux actifs immobiliers, leurs prix ont fortement baissé dans un contexte de ralentissement économique et d’épuisement des prêts subventionnés. Après négociations et selon les régions, les clients arrivent parfois à obtenir jusqu’à 30 % de réduction, selon l’agence de conseil immobilier Ramco Real Estate Advisers. « C’est un marché d’acheteurs », confirme le directeur des investissements à FFA Private Bank, Patrick George.
Les prix des actions cotées à la Bourse de Beyrouth ont également baissé, notamment Solidere, « dont le cours dépend de la situation du pays », souligne Patrick George. « Lorsque la conjoncture s’améliorera, ces actions seront les premières à remonter », ajoute-t-il.
À 5,5 dollars, le cours de l’action en juin était « inférieur à sa valeur comptable. C’est aussi le cas pour les trois plus grandes banques, dont les actions sont à 50 % ou 60 % de leurs valeurs comptables. Pour les investisseurs recherchant une valeur à long terme, nous voyons les niveaux actuels comme étant très intéressants », estime Rami Sayegh, directeur de la banque privée de la BlomInvest Bank.
D’autant que certaines banques « offrent des dividendes supérieurs à 10 % », ajoute le directeur de l’unité de banque privée au groupe Byblos Bank, Joe Nader. L’offre boursière reste néanmoins limitée, en attendant le lancement de la bourse électronique annoncé pour le premier trimestre 2020. Plus flexible, cette plate-forme doit permettre aux petites et moyennes entreprises d’ouvrir leur capital.
Aux investisseurs plus aguerris, FFA Private Bank propose de financer des projets d’infrastructures au Liban et dans la région Mena, à travers un fonds mezzanine. La banque veut lever 100 millions de dollars, avec un ticket minimum d’un million de dollars, et vise des rendements compris entre 10 et 14 %. « Avec cette enveloppe, nous pourrons investir dans des projets d’une valeur totale de près de deux milliards de dollars, dont 30 à 35 % au Liban », explique Iyad Boustany, responsable du département Investment Banking à la FFA Private Bank. Parmi les secteurs potentiels : l’électricité, l’eau, la gestion des déchets, les routes et les transports en commun.