La Commission spéciale d’investigation (CSI) du bureau de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme de la Banque du Liban (BDL) a demandé à toutes les banques exerçant dans le pays de réexaminer les comptes ouverts par des “personnalités politiquement exposées” afin de déceler les transferts de fonds vers l’étranger effectués à partir de ces comptes depuis le déclenchement du mouvement de contestation contre la classe dirigeante. La CSI est présidée par le gouverneur de la BDL, Riad Salamé.
Selon cette décision envoyée le 9 janvier à toutes les banques et signée par M. Salamé, la commission d’enquête s’intéresse plus spécifiquement aux mouvements de comptes entre le 17 octobre et le 31 décembre 2019, et plus particulièrement à l’origine des fonds transférés, appelant les banques et leurs responsables à la notifier en cas de soupçon sur ces comptes. Les banques ont jusqu’au 31 janvier pour effectuer ces démarches.
Il y a quelques semaines, une polémique avait éclaté autour d’informations non vérifiées sur des transferts présumés de milliards de dollars vers des banques suisses en décembre par neuf hommes politiques libanais. S’exprimant jeudi dernier sur cette affaire, M. Salamé avait affirmé que seulement 2,6 milliards de dollars avaient été transférés à l’étranger à partir du Liban depuis fin septembre, précisant que la BDL allait envoyer des enquêteurs auprès des banques pour établir un rapport détaillé sur ces transferts, qui sera ensuite transmis au procureur général, Ghassan Oueidate, « lequel prendra les décisions qui s’imposent ».
Au début du mois, le ministère de la Justice avait transmis aux autorités suisses une demande “d’aide judiciaire” concernant ces transferts suspects.