Pour Lina Kiryakos, directrice de la collection Saradar, le numérique ne peut pas remplacer la rencontre réelle avec l'oeuvre. Mais c'est malgré tout un moyen de garder le contact avec son public.

Pour la directrice de la collection Saradar, le numérique est un moyen de garder le contact avec son public.
Pour la directrice de la collection Saradar, le numérique est un moyen de garder le contact avec son public.

La collection Saradar est l’une des rares collections libanaises à avoir développé un format numérique. L’épidémie de Covid-19 vous pousse-t-elle à aller plus loin?

En l’absence d’espace, le numérique était pour nous le seul moyen de partager la collection avec le public, au Liban et à l’étranger. Après le site, nous avons lancé un programme en ligne intitulé “Perspective”, dont la première édition était dédiée à l’âge d’or de la scène artistique libanaise entre 1955-1975. Mais le mouvement de contestation du 17 octobre nous a obligés à revoir notre action. Aujourd’hui nous lançons une nouvelle forme de sensibilisation à l’art du Liban, en utilisant Instagram : nous proposons des “stories”, dans lesquelles nous abordons à chaque fois une œuvre de la collection. Le format est concis, dynamique et accessible.

Pour qui a été pensée la collection?

Le projet a été conçu à l’origine avec une mission publique : il s’adresse à quiconque s’intéresse à l’art libanais. Notre site donne accès aux œuvres de la collection, accompagnées d’une documentation (vidéos d’artistes, articles de fond, textes d’archives). C’est une base de données substantielle dont bénéficient particulièrement les étudiants, les chercheurs et les curateurs.

Pensez-vous que le numérique puisse être une solution pour le monde de l’art et les institutions culturelles?

Le numérique ne pourra jamais remplacer la rencontre réelle avec l’œuvre. Toutefois, une présence numérique permet aux institutions de développer de nouveaux rapports avec leurs publics et de proposer des programmes innovants. Aujourd’hui avec la crise du Covid-19 et l’impératif de confinement, le virtuel permet à certaines institutions culturelles de réagir en mettant en ligne des visites d’expos, des films, des interviews... Cela ne veut pas dire qu’elles vont continuer à opérer de la sorte, mais au moins, face à cette crise, le numérique aura permis d’offrir des alternatives, de garder un contact avec son public. Néanmoins, pareille présence ne se construit pas du jour au lendemain et notre expérience montre qu’il faut avoir du contenu à partager et plusieurs années de préparation pour se lancer.

http://saradarcollection.com/saradar-collection/english/home