Le Commerce du Levant a suivi une équipe mobile de la LAUMC-RH, qui intervient dans les villes et villages du Liban pour tester la population. Reportage.
Il est 10h30 du matin. Le camion-clinique du Lebanese American University Medical Center – Rizk Hospital (LAUMC-RH) se gare devant la municipalité de Baabdate. C’est l’une des quatre étapes du jour pour cette équipe médicale, qui se déplace dans tout le Liban pour dépister gratuitement les personnes qui le désirent. «La clinique mobile aide à dépister la population afin de traiter plus vite les patients qui se révéleraient positifs et mieux accompagner le déconfinement», résume Georges Ghanem, le médecin de l’équipe. A l’entrée du bâtiment de la municipalité, une dizaine de personnes patientent déjà, sans trop respecter la distanciation sociale. Ici, tout le monde se connaît et peu de cas ont été identifiés dans la bourgade.
Dans le camion, l’équipe médicale se prépare. Infirmiers, aides infirmiers et techniciens de laboratoire, ils sont tous salariés de l’hôpital et ont suivi une formation express pour pratiquer le dépistage du Covid-19 avec un écouvillon. «Un test facile à réaliser en quelques minutes», souligne d’ailleurs l’un d’entre eux. Précaution oblige, les quatre professionnels enfilent leur combinaison de protection, des gants, un masque et une visière de protection, avant de pénétrer dans une pièce, aménagée pour l’occasion dans le bâtiment de la municipalité. «A chaque fois, nous essayons de choisir un endroit aéré ou en plein air afin de réduire les risques de contagion. Les tests ne sont jamais réalisés dans la clinique mobile. Cela nous évite de devoir la décontaminer après chaque prélèvement», explique un autre membre de l’équipe.
Quelques minutes plus tard, le premier patient ressort tout sourire, apaisant, du même coup, les craintes des autres : «Ça fait beaucoup moins mal que ce que je ne pensais. C’est juste une sensation un peu déplaisante quand l’écouvillon passe dans le nez, mais rien d’important. En plus, c’est rapide», indique le propriétaire d’une épicerie de quartier restée ouverte tout au long du confinement, qui craignait d’avoir été en contact avec le virus.
S’il est négatif, il recevra les résultats de son test dans les 72 heures par SMS. S’il est positif, un médecin de l’hôpital l’appellera pour décider avec lui des modalités de soins - quarantaine à domicile, hospitalisation… - en fonction de la gravité de ses symptômes.
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Financé par deux entreprises pharmaceutiques locales, en partenariat avec le CHU, ce camion mobile, qui a démarré ses tournées dans le pays début avril, intervient dans le cadre de la stratégie de lutte contre l’épidémie du gouvernement. «A l’origine, ce camion était prévu pour aller mener des opérations de sensibilisation contre différentes maladies courantes au Liban : diabète, maladies cardio vasculaires… Mais quand le SARS-CoV-2 a débarqué, nous l’avons reconverti en unité mobile», explique le docteur Georges Ghanem. Fin avril, son équipe avait ainsi fait un arrêt dans une quarantaine de villages libanais, réalisant près de 1.400 tests, dont cinq seulement se sont avérés positifs.
Eviter une seconde vague
Sa mission complète celle du ministère de la Santé, qui a déjà réalisé plus de 10.000 tests aléatoires sur l’ensemble du territoire. Le confinement a en effet atteint ses limites et il s’agit désormais de casser les chaînes de transmission en identifiant et en isolant les personnes contagieuses jusqu’au sein des villages les plus reculés. Une façon d’accélérer la fin de la quarantaine en évitant un nouveau pic de la maladie.
L’équipe mobile de la LAUMC-RH intervient à la demande des municipalités «qui veulent que leurs résidents, qui n’ont pas forcément les moyens financiers de se faire dépister, soient testés malgré tout», explique Saad el-Zein, directeur du marketing et de la communication de l’hôpital universitaire.
En début d’après-midi, alors que le camion repart vers Roumié, sa destination suivante, l’équipe reçoit un appel. Le test d’un habitant d’Aïn el-Rihané s’est avéré «positif» et il faut remonter en urgence la chaîne de contacts pour empêcher qu’un foyer d’infection ne se forme. La municipalité a déjà convoqué une vingtaine de parents et proches de ce «patient zéro».
Lorsque que l’unité de la LAUMC-RH se gare sur le vaste parking, la tension est palpable. D’ailleurs, toutes les personnes convoquées respectent cette fois les distances de sécurité et portent des masques.
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Avant de les dépister, un membre de l’équipe leur explique qu’ils vont être confinés à domicile en attendant que leurs résultats reviennent du laboratoire. En parallèle des tests PCR, l’équipe mobile effectue en plus sur certains d’entre eux des tests sérologiques, qu’ils enverront également au laboratoire de l’hôpital. «Le but est d’obtenir plus de données et vérifier si un patient asymptomatique pourrait avoir par exemple développé une immunité contre le virus», explique le docteur Georges Ghanem, responsable de la mission.
Il se fait tard. L’équipe est encore attendue à Mansourié pour de nouveaux dépistages. C’était la dernière étape du mois. Mais «notre emploi du temps est déjà plein pour tout le mois de mai et nous surveillons de près la situation avant de décider de la nécessité de prolonger notre tournée au-delà de cette période», conclut Saad el-Zein.