Dans un contexte marqué par une forte demande, une pénurie de biens à la vente et la dépréciation de la livre libanaise, les prix des appartements et des bureaux à Beyrouth tendent à augmenter, avec des hausses allant parfois jusqu’à 25 % en quelques semaines.
« Nous sommes obligés de faire régulièrement des mises à jour, puisque après chaque vente, certains promoteurs révisent leur prix à la hausse », affirme Zaher Boustany, directeur général de l’agence immobilière At Home in Beirut.
Après la première vague d’achats observée entre novembre 2019 et mars 2020, et la pause imposée par les mesures de confinement liées à l’épidémie du coronavirus, la demande pour l’immobilier est repartie à la hausse. La dépréciation continue de la livre libanaise sur le marché parallèle et la perspective d’une restructuration du secteur bancaire – qui selon le plan de réforme du gouvernement pourrait impliquer la conversion d’une partie des dépôts en actions ou obligations – encouragent les épargnants à se tourner vers l’immobilier. D’autant qu’avec le contrôle des capitaux imposé par les banques, les opportunités d’investissement sont restreintes. Mais les vendeurs, qui croulent sous les demandes, sont confrontés à la même problématique.
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« Avec la dégringolade du cours de la livre libanaise et les restrictions bancaires, les propriétaires sont réticents à accepter les paiements par chèque bancaire, constate Christian Baz, PDG de l’agence de gestion immobilière Baz Real Estate. Ils sont de plus en plus nombreux à exiger un paiement partiel en liquide ou à l’étranger. C’est de l’utopie, puisque les acheteurs veulent quasiment tous payer par chèque. »
Résultat : les biens mis à la vente se font plus rares et les prix sont sous tension. Une pénurie accentuée par les centaines de transactions réalisées l’hiver dernier.
« Les propriétaires ne veulent plus vendre ou alors ils demandent des prix trop élevés », confirme Zaher Boustany.
Si certains promoteurs ont maintenu leur prix, d’autres profitent en effet de la dynamique actuelle pour augmenter leur tarif. Le prix de certains appartements a ainsi augmenté de 10 à 25 % en quelques semaines. C’est le cas d’un appartement de 200 m2 à Achrafié qui était affiché à 740 000 dollars en février 2020 et qui est désormais proposé à 935 000 dollars. Un autre, de 110 m2, a vu son prix augmenter de 80 000 dollars en l’espace de cinq mois.
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La tendance est la même sur le marché des bureaux. « Avant la crise, le propriétaire d’un bureau de 100 m2 à Hamra demandait 500 000 dollars. Aujourd’hui, il reçoit plusieurs appels par semaine, ce qui l’a encouragé à refuser une offre à 550 000 dollars. Depuis qu’il sait que son bureau est le dernier à vendre dans l’immeuble, il s’est fixé un objectif de 600 000 dollars », explique un agent immobilier qui a voulu témoigner anonymement.
Alors que le pays fait face à une crise économique sans précédent, les prix de l’immobilier vont-ils continuer à augmenter ? Non, répond Zaher Boustany. « C’est une situation passagère. Les prix vont se tasser lorsque la panique des épargnants se calmera », prévoit l’agent immobilier.