La Galerie Tanit s'ouvre au passé

C’est une surprenante exposition à laquelle nous convie la galerie Tanit. Surprenante, d’abord, par la qualité muséale des œuvres sélectionnées d'artistes comme Alfred Basbous, Huguette Caland, Hussein Madi, Helen Khal ou encore Paul Guiragossian.

«Je voulais rouvrir au plus tôt, mais les artistes de la maison étaient soit réticents à exposer compte tenu du contexte, soit trop impliqués dans le mouvement de contestation pour avoir eu le temps de préparer une exposition», raconte Naila Kettaneh-Kunigk, fondatrice de la galerie Tanit.

Surprenante, ensuite, par le choix d’exposer des œuvres que les propriétaires ne souhaitent pas vendre. «Pour cette première exposition post-coronavirus, j’avais envie de me faire plaisir. J’ai choisi ce que j’appréciais dans des collections privées. Certaines œuvres n’étant en effet pas à vendre.»

Sur la quarantaine de peintures et de sculptures exposées, une dizaine sont ainsi pour le seul plaisir des yeux. Parmi celles-ci, trois œuvres magistrales de Huguette Caland, qu’on ne peut que conseiller de courir aller voir. «Il y a eu des offres faramineuses sur ces Caland, mais le collectionneur ne cherche pas à s’en dessaisir.»

Si seul le goût de Naila Kettaneh-Kunigk motive l’accrochage, l’ensemble se veut cohérent avec, comme élément commun, une fraîcheur exceptionnelle. En cela, les gouaches du peintre Farid Haddad (1945) – installé depuis la guerre de 1975 aux États-Unis, et membre du mouvement de la peinture en champ de couleur (Color Field Painting Movement), dont Mark Rothko est sans doute le plus célèbre des représentants – se veulent l’un des exemples de ce jaillissement de couleurs. «Je voulais justement donner une note d’espoir, alors que notre avenir semble sombre», ajoute-t-elle. Le pari est réussi.

“A Glimpse into the past”, jusqu’au 15 juillet, Galerie Tanit, sur Rendez-vous, Tél. : 01/562812.