Deux banques libanaises, Crédit libanais et Fransabank, sur les dix opérant en Irak (avec Bank Audi, Banque libano-française, Bankmed, Blom Bank, Byblos Bank, IBL Bank, MEAB et BBAC) ont annoncé qu’elles cesseront leurs activités dans ce pays.
Interrogée sur les raisons ayant motivé cette décision, une source à Fransabank a indiqué que la direction de la banque avait réévalué la nécessité de maintenir sa présence en Irak après la publication de plusieurs « recommandations et réglementations déjà adoptées ou annoncées » par la Banque centrale irakienne (BCI).
« La première règle, récemment adoptée, concerne le montant des actifs inscrits au bilan des établissements étrangers opérant en Irak et qui devra être de 210 millions de dollars minimum à fin 2021 », énonce une autre source bancaire. « Or à fin mars 2020, seuls trois établissements sur les dix, soit BBAC avec 490 millions de dollars, Byblos Bank avec 408 millions et Bank Audi avec 299, étaient dans les clous à ce niveau », ajoute-t-elle. Toujours selon cette dernière, les actifs des banques libanaises en Irak (Kurdistan irakien inclus) totalisaient 1,88 milliard de dollars à la même échéance.
« La BCI exige également que 70 % des dépôts en devises dans une banque établie en Irak soient enregistrés sur le territoire irakien, contre 30 % maximum pouvant être placés dans des banques correspondantes », relève-t-elle. Cette règle, qui devait être appliquée avant fin 2019, permet toutefois aux banques de ne pas comptabiliser 50 % des fonds affectés pour les lettres de crédit et les lettres de garantie dans le total. La source évoque une troisième règle qui interdit aux banques étrangères opérant en Irak de déposer des fonds dans des banques correspondantes dont la notation est inférieure à “B”. « C’est sans doute là que le bât blesse le plus, vu que la BCI interdit donc aux banques libanaises de déposer des fonds dans leurs propres établissements au Liban, dont les notations sont proches de “D” en raison de la grave crise que traverse le pays », conclut la source.