Les explosions qui ont ravagé le Port de Beyrouth et une grande partie de la capitale mettent à rude épreuve un système de santé déjà lourdement affecté par la crise économique. Il y a une pénurie «de tout ce qui est nécessaire pour porter secours» aux victimes et les soigner, a alerté le ministre de la Santé, Hamad Hassan à la télévision, alors que le dernier bilan fait état de plus de 100 morts et 4 000 blessés.
«Dans des scénarios pareils, la grande majorité des interventions porte sur des soins chirurgicaux et orthopédiques et malheureusement nous manquons déjà de matériel de suture, de matériel orthopédique, de gants, de bandages et de sacs de sang nécessaires pour les dons de sang. Bref, des produits de base nécessaires pour le traitement des blessures et cassures», confirme la présidente du Syndicat des importateurs de matériel médical, Salma Assi.
Lire aussi : Urgence dans les hôpitaux privés du Liban
Une pénurie qui découle de la crise aigüe qui secoue le pays depuis des mois, les importateurs de matériel médical étant dépendants de la Banque du Liban qui leur fourni des devises au taux de 1500 livres le dollar pour couvrir 85% de leurs achats, le reste devant être financé au taux du marché noir autour de 8000 livres.
Au-delà du matériel médical, que certains pays ont promis de fournir en urgence, les explosions au Port de Beyrouth posent aussi la question des stocks de médicaments, les dépôts du ministère de la Santé situés dans le quartier de la Quarantaine ayant été endommagés, selon Hassan Hamad.
Lire aussi : Pas de pénurie de farine ni de pain, assure le ministre de l’Economie
«Les médicaments qui y sont entreposés pourraient être encore utilisables, nous attendons d’avoir une idée plus claire sur la situation», tempère le président du Syndicat des importateurs de produits pharmaceutiques, Karim Gebara.
Ceux-ci concernent le traitement de maladies graves prises en charge par le ministère de la Santé, dont les cancers, l’Alzheimer et la sclérose en plaque. «Nous avons pris contact avec le ministère pour les aider à transporter ces médicaments vers d’autres dépôts au cas où ils seraient encore en bon état» ajoute-t-il ; leur transport nécessitant des camions frigorifiques spécialisés.
Quant aux autres stocks de médicaments dans le pays, ils semblent avoir été préservés. «Une grande partie des médicaments sont stockés dans nos hangars, loin du port. Quant aux quelques entrepôts qui se trouvent là-bas, et selon les premières inspections, ils n’ont à priori pas été très affectés».
Le président du syndicat assure qu’il n’y pas de risque de pénurie à court terme, le stock existant suffit pour un mois et demi à deux mois au minimum. Mais les importateurs étudient déjà les différentes options pour maintenir l’approvisionnement. «Nous importions les médicaments par voies aérienne (aéroport de Beyrouth) et maritime (port de Beyrouth). Si le port de la capitale reste à l’arrêt, nous allons devoir importer le tout par voie aérienne, ce qui couterait plus cher, soit rediriger une partie vers le port de Tripoli, en fonction de ses capacités», conclut-il.