Le syndicat des importateurs de matériel médical a annoncé lundi l’arrêt des importations avant de revenir hier sur sa décision. La présidente du syndicat, Salma Assi, se donne désormais une semaine pour négocier une solution avec l’État.
Pourquoi avez-vous annoncé en début de semaine l’arrêt des importations de matériel médical ?
Le matériel médical est subventionné à travers la circulaire 530, qui garantit aux importateurs un taux de change de 1 507,5 livres le dollar à hauteur de 85 % du montant des factures présentées. La semaine dernière, la Banque du Liban (BDL) a décidé d’exclure les produits de stérilisation de ce mécanisme. La Banque centrale s’est justifiée en arguant que ce type de produit était disponible dans n’importe quel supermarché, ce qui est une hérésie ! Les produits de stérilisation employés en milieu hospitalier n’ont strictement rien à voir avec ceux destinés à l’entretien des maisons… Pour notre syndicat, qui n’a même pas été consulté, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Est-ce la première fois que la Banque du Liban modifie de manière unilatérale les termes de la circulaire 530 ?
Non, justement. En juin dernier, la BDL avait déjà décidé que le mécanisme ne s’appliquait plus aux commandes effectuées depuis plus de 300 jours, sans discussions ni avertissement préalable. Les importateurs de matériel médical ont dû prendre à leur charge le différentiel entre le prix qui avait déjà été facturé aux hôpitaux au taux de 1507,5 livres le dollar et celui qu’ils ont payé à leurs fournisseurs étrangers en s’approvisionnant au marché noir.
Nous ne pouvons pas laisser cela se reproduire. Nous réclamons une feuille de route de toute urgence pour préparer la levée des subventions. Que ferons-nous quand nous devrons tout importer au taux du marché noir ? Qui en payera le prix ? Nous avons écrit à de multiples reprises aux autorités pour les alerter sur la nécessité d’un véritable plan, et jusque-là, personne n’avait jugé bon de nous répondre. Il a fallu que nous annoncions l’arrêt des importations pour que les ministères de la Santé et de l’Économie et du Commerce commencent enfin à discuter avec nous. Nous avons donc suspendu la décision jusqu’à lundi prochain, en espérant parvenir d’ici là à une solution pérenne.
Y a-t-il un risque de pénurie de matériel médical ?
Les stocks sont bas, mais il n’y a pas de pénurie car les besoins du secteur hospitalier, qui fonctionne désormais à 30 % de ses capacités, se sont drastiquement réduits dans un contexte de crises économique et sanitaire aiguës.
Avant la crise financière, les importations de matériel médical représentaient 400 millions de dollars par an. Depuis, elles ont été divisées par trois. Sur les neufs premiers mois de l’année, les importations n’ont pas dépassé 120 millions de dollars, un montant largement inférieur à celui sur lequel nous nous étions entendus au début avec la BDL. Elle nous avait promis au départ une enveloppe de 240 millions de dollars et nous pensions que nous avions encore de la marge.