Alors que les vêtements de sport importés sont devenus hors de prix pour une grande partie de la population libanaise, l’une des rares marques libanaises sur ce créneau, Winnerforce, gagne des parts de marché. Ses tenues sont conçues et confectionnées dans une usine située à Tripoli. «Nous avons même un studio où nous réalisons des séances photos pour la promotion de nos produits», explique Nasser Khalil, directeur des opérations. Les matières premières sont, elles, importées majoritairement de Chine et de Turquie via des fournisseurs locaux.
Fondée en 2004 par les frères Mohamed et Mahmoud Harfoush, la société Harfouch Trading propose en plus de Winnerforce, la marque Colombus, un des deux fournisseurs d’uniformes de l’armée libanaise. La compagnie emploie une centaine de personnes au total, et produit plus de 7000 unités par mois.
Une production essentiellement locale qui a permis à la marque, avec la dévaluation de la livre libanaise de gagner en compétitivité. Car si Winnerforce a dû tout de même adapter ses prix en livres, – elle propose aujourd’hui un taux de change de 5000 livres libanaises pour un dollar – son taux reste plus avantageux que celui des marques étrangères, qui suivent le cours du marché noir, (aujourd'hui à plus de 12.000 LL pour un dollar). «Avec la crise nous avons gagné de nouvelles parts de marché, et notre base clientèle s’est agrandie. Nous avons augmenté notre chiffre d’affaires d’environ 10 à 20% depuis octobre 2020», affirme Nasser Khalil.
Le pari du e-commerce
Winnerforce n’a pas de boutique physique: «Les ventes se font à travers notre plateforme de e-commerce, que ce soit pour les particuliers ou les commerçants de gros», explique Nasser Khalil. La société travaille ainsi avec la start-up libanaise Wakilni pour les particuliers, et gère la livraison en direct pour les ventes en gros.
La compagnie n’échappe toutefois pas aux difficultés que rencontrent tous les commerçants libanais, notamment en raison des restrictions bancaires. «Nous avons dû nous adapter. Au Liban, nous n’acceptons que les paiements en espèces, que nous convertissons en partie pour envoyer à nos fournisseurs à l’étranger. Mais l’instabilité du taux de change est un vrai défi pour fixer les prix», dit le directeur des opérations.
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Prochaine étape, le développement à l’international: «Pour l’instant, les ventes à l’étranger ne représentent que 2% de notre chiffre d’affaires, mais nous souhaitons les développer notamment dans les pays du Golfe et en Europe. Nous sommes actuellement en train de travailler avec le soutien de l’USAID sur une accréditation ISO, qui faciliterait l’exportation de nos produits», conclut Nasser Khalil.