Le solde primaire est une variable cruciale pour mesurer la “soutenabilité” de la dette publique, car il est l’un des facteurs* qui commandent l’évolution à la hausse ou à la baisse du ratio dette/PIB.
La dette d'un État se mesure en termes de rapport au PIB (la richesse produite durant une année sur le territoire national ou encore les revenus bruts générés sur le territoire), car c'est à partir du PIB que l'État peut dégager ses recettes par prélèvement.
Une formule mathématique permet de mesurer le niveau du solde primaire nécessaire à la stabilisation de ce ratio d’une année sur l’autre, c'est-à-dire d'en bloquer la croissance. C'est là une condition nécessaire à la “soutenabilité” pour les pays à fort endettement ; elle n'est cependant pas suffisante car, si le ratio est “trop” élevé, il ne suffit pas de le stabiliser : il faut le réduire. Dans le cas du Liban, par exemple, il faudrait un excédent de 7 % du PIB, soit environ 1,6 milliard de dollars pour que le ratio d’endettement reste à 178 % du PIB en 2007 (cf. calcul en encadré).
Le solde primaire est à ce titre la principale variable sur laquelle se focalisent les plans d’ajustement structurels proposés par le Fonds monétaire international. Si le FMI a souvent essuyé des critiques, c’est que pour dégager un excédent primaire il est possible d’agir sur plusieurs postes de dépenses ou de revenus. Or, à résultat budgétaire égal, l’impact économique varie considérablement.
Une ponction nette sur les revenus disponibles se traduit par une baisse de la demande intérieure et donc de l’activité. Cette baisse peut se doubler d’un effet social plus ou moins grave en fonction de l’impact redistributif de la fiscalité et des modes de dépenses.
Plus on resserre les dépenses relatives aux services de base d’une part, aux investissements dans de nouveaux équipements et l’entretien des équipements existants, plus l’impact sur la croissance est négatif. Et plus la fiscalité touche des composantes essentielles de la consommation de la majorité des ménages, plus on favorise une hausse des indices de pauvreté et des difficultés sociales.
À l’aspect quantitatif que l’on associe spontanément à la notion d’excédent primaire, il faut donc ajouter un aspect qualitatif. Cette variable étant une interface entre deux réalités, l’une budgétaire et l’autre économique, elle ne peut pas être un objectif en soi, mais doit faire l’objet d’arbitrages.
(*) La croissance et le taux d’intérêt réels influencent aussi l’évolution de ce ratio, la première, car elle agit sur le niveau du PIB, au dénominateur, le second, car il agit sur le niveau de la dette, au numérateur, à travers son impact sur le service de la dette dont le niveau détermine aussi les besoins de financement de l’État.
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