Le Fonds monétaire international (FMI) n'a pas de crainte dans l'immédiat pour la stabilité libanaise, a déclaré au Commerce du Levant son représentant résident au Liban, Eric Mottu.

"Les réserves de la Banque centrale et des banques sont amplement suffisantes pour faire face à un choc politique. Il n'y a pas de raison pour que les déposants craignent pour la stabilité de la livre ou pour la sécurité de leurs dépôts", a-t-il déclaré jeudi au lendemain de la dissolution du gouvernement libanais provoquée par la démission de onze ministres.
Eric Mottu souligne cependant le risque de ralentissement de l'activité économique : "il ne faudrait pas que l'incertitude politique perdure. Nous suivons la situation de près."

 

Selon Marwan Barakat, qui dirige le département de recherches de la Bank Audi, « le volume des transactions sur le marché des changes est resté modeste et gérable » au lendemain de la chute du gouvernement. « Nous aurons une meilleure image de la situation en début de semaine prochaine, lorsque la Banque du Liban (BDL) publiera les chiffres bimensuels », précise-t-il au Commerce du Levant.

Depuis début octobre, la BDL puise dans ses avoirs en devises pour satisfaire la demande sur le dollar, alimentée par les tensions politiques. Sur les trois derniers mois de l’année 2010, la perte de réserves brutes est de 910 millions de dollars, dont près du quart pour la seule deuxième moitié de décembre. Mais le montant global de ces avoirs en devises reste très important : il s’élève à 30,6 milliards à fin décembre 2010. « Ces réserves couvrent 80 % de la masse monétaire en livres libanaises du pays, souligne Barakat ; si aujourd’hui 80 % des Libanais échangeaient leurs livres contre des dollars, la Banque centrale pourrait intervenir sans que le cours de la livre ne change ». La livre libanaise est soutenue par la BDL depuis 1992 à un taux qui fluctue entre 1500 et 1514 livres pour un dollar.
 
Barakat souligne également l’importance des liquidités primaires des banques, qui représentent 48 % du total de leurs dépôts : « Elles sont dans une position confortable pour répondre aux demandes de conversion de leurs clients le cas échéant ».