Un constat aussi alarmant est censé susciter une mobilisation à la hauteur de l’enjeu
Pauvreté, chômage, émigration…
ces mots sont depuis longtemps
utilisés pour diagnostiquer la
crise libanaise, mais faute de données
concrètes, ils sont souvent restés dans le
domaine de l’abstrait : chacun est en
mesure de toucher du doigt ces différents
problèmes, dans son entourage plus ou
moins immédiat, mais aucun effort
d’agrégation des observations ponctuelles
au niveau national n’a jusque-là permis de
fournir un diagnostic scientifique. Une étude
publiée récemment par le PNUD franchit ce
pas indispensable, en tout cas en ce qui
concerne la pauvreté. On attend toujours des
travaux similaires sur le marché de l’emploi
et l’émigration. Même si le rapport réalisé
pour le compte du ministère des Affaires
sociales ne mesure par exactement le phénomène
de la pauvreté, le degré de précision
des enquêtes de terrain étant relativement
faible, il donne incontestablement une image
vraisemblable de la qualité des conditions de
vie des ménages libanais. La conclusion qu’il
en tire est sans appel : un quart de la population
n’est pas en mesure de satisfaire des
besoins fondamentaux.
Un constat aussi alarmant est censé susciter
une mobilisation à la hauteur de
l’enjeu. Le gouvernement affirme avoir
pris conscience de la gravité de la situation.
Il en veut pour preuve l’insertion
d’un volet social dans son plan de
réformes global, présenté à Paris III – une
première de l’aveu des autorités ellesmêmes.
Il faut dire que des bailleurs
comme la Banque mondiale ou l’Union
européenne ne cessent de plaider depuis
des mois pour la mise en oeuvre d’une politique
sociale digne de ce nom. Pour l’instant,
les “filets sociaux” envisagés consistent
à répartir certaines subventions de
façon un peu mieux réfléchie que par le
passé. C’est un premier pas. Beaucoup
reste cependant à faire, en commençant
par la définition de politiques publiques
cohérentes en termes d’éducation, de
santé, de logement, etc.