Emploi, croissance, fiscalité, retraites… la campagne présidentielle française qui s’achève n’a cessé de tourner autour de ces thèmes majeurs. Rien d’étonnant à cela. Les élections démocratiques se jouent sur les questions qui touchent au plus près de la vie des citoyens. Quel contraste par rapport aux échéances libanaises ! Il est vrai que notre présidentielle ne se déroule pas au suffrage universel. Le peuple n’intervient qu’à travers ses représentants, les députés. Est-ce pour autant une raison d’ignorer sa voix ? Les questions économiques et sociales sont au cœur de la politique et pourtant notre classe dirigeante s’obstine à les ignorer au profit de calculs sectaires étroits. Rétorquer que les enjeux du débat libanais actuel se situent à un niveau –existentiel – supérieur aux préoccupations économiques et sociales – prétendument bassement matérielles – est un non-sens. Rien ne sert de gloser sur la nécessité de restaurer l’autorité de l’État si l’on ne discute pas du rôle que celui-ci est appelé à jouer. Messieurs qui réclamez le pouvoir, que voulez-vous en faire ? Que proposez-vous pour lancer un cycle de croissance durable, créatrice d’emplois ; pour endiguer l’émigration ; pour réformer la Sécurité sociale ; pour promouvoir des secteurs économiques mondialement compétitifs… Les incantations en la matière ne suffisent pas. Il faut des offres concrètes. Elles seront appréciées ou rejetées suivant des lignes de partage certainement bien différentes des clivages actuels qui servent davantage les intérêts des chefs communautaires que ceux qu’ils sont censés représenter.