Le Liban est enfin connecté à l’Internet haut débit grâce à l’ADSL. Le service est encore loin d’être au point – quasi-monopole de l’État, collusions d’intérêts, retards technologiques, limitations géographiques, etc. – mais qu’importe puisque les liens avec l’extérieur seront débridés. Cette connexion est une sorte de respirateur artificiel qui maintient les pulsations du corps social, aujourd’hui replié sur lui-même, par crainte des attroupements publics. La webcam perchée sur l’écran d’ordinateur donne des nouvelles live au cousin, parent, ami qui a décidé d’aller tenter sa chance ailleurs. Le groupe Liban est l’un des plus étoffés du site de contacts Facebook. Tout un symbole de ce réseau tentaculaire : une vraie richesse. Dommage qu’il serve autant à prendre des nouvelles, à rassurer sur l’état de nerfs des compatriotes restés au pays. Au gré des navigations sur la Toile, on retrouve toute une génération de quadras aux meilleurs postes des organigrammes de telle ou telle grande compagnie française, européenne, américaine. Ils sont les enfants de la guerre de 1975-1990, le fruit de l’émigration. Une fierté, certes. Mais aussi le miroir de ce qu’aurait pu devenir le Liban s’ils ne l’avaient pas quitté. La génération qui suit n’a pas déguerpi aussi massivement, certains sont même revenus à Beyrouth. Ils ont pris le parti d’en tirer le meilleur malgré tout. Leur atout : une prodigieuse capacité à se projeter ailleurs, à évoluer au rythme des capitales qui bougent (Paris, Londres, mais aussi Dubaï, Le Caire…) tout en restant basés entre la Méditerranée et le Mont-Liban. Personne n’a encore entrepris d’étudier le système si particulier de cette partie mondialisée de l’économie libanaise, aujourd’hui branchée sur le 3e boom pétrolier. Ils résident à Beyrouth, mais travaillent ailleurs. Essayez donc de prendre un rendez-vous avec l’un de ces Golfe-trotteurs. Le seul moyen de les attraper : l’Internet.
Toute une génération de quadras libanais aux meilleurs postes des compagnies françaises, européennes, américaines
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