Le prix du pétrole avoisine les 80 dollars. Le spectre d’un 3e choc pétrolier hante les grands pays industrialisés. Les répercussions de cette nouvelle flambée du brut sont innombrables… Un exemple parmi d’autres : la Russie de Poutine cherche d’autant plus facilement à satisfaire ses ambitions géopolitiques, au risque de raviver de mauvais souvenirs de guerre froide, que sa rente énergétique lui a permis d’éponger sa dette. Plus près de nous, le Golfe vit une véritable révolution, avec la création pure et simple de pans entiers d’économies nouvelles. L’or noir transforme les déserts en buildings high-tech. Les opinions publiques européennes se familiarisent avec les pays d’une zone géographique que leurs médias mentionnaient jusque-là uniquement pour évoquer des violences. Désormais, le Moyen-Orient n’est plus uniquement synonyme de guerre ou de terrorisme. Les grands groupes du Golfe occupent régulièrement les rubriques financières. Le nom d’Abou Dhabi est associé au Louvre. Celui du Qatar à l’affaire des infirmières bulgares… Dubaï est devenu une référence, l’exemple que prétendent suivre les villes aspirant au grand boom, aussi peu écologique soit-il. C’est à peine si l’on se souvient que Beyrouth a incarné ce modèle jadis… Quand l’on cite le nom de la capitale libanaise, c’est pour l’associer, avec un soupir, à des mots aussi charmants que “déclin”. Des livres entiers ont été écrits sur les occasions manquées par le Liban. Il laisse aujourd’hui passer le train pétrolier, celui qui aurait pu lui permettre de financer à bas prix une dynamique de croissance durable. Petite consolation, les pétrodollars maintiennent le pays à flots malgré des déséquilibres financiers qui auraient dû faire couler depuis longtemps la barque mentionnée métaphoriquement par l’ancien président de la Banque mondiale, James Wolfensohn. L’espoir implicite est de voir l’embarcation arriver un jour à bon port, même si aucune lueur ne permet de le distinguer à ce jour.