À l’approche des fêtes de fin d’année - et du millénaire qui n’en finit pas de nous donner des angoisses et des bogues - on est bien content que l’industrie du vin libanais soit en forme. Elle décolle même avec près de 40 % de notre production qui est exportée (voir notre dossier page 48). D’autant plus que nos ancêtres ne sont pas les Gaulois. Ni les Bordelais. Bien sûr, ce n’est que partie remise l’histoire de la concurrence avec les vins français ou autres. La protection douanière, exorbitante (plus de 100 %), ne peut durer indéfiniment. En attendant, nos producteurs se préparent, parfois avec l’aide de ces mêmes Bordelais qui apportent un savoir-faire ancestral. D’où l’intérêt, constamment réitéré par les économistes, de prendre le partenariat et le transfert de technologie comme règle de vie. Toujours en état de sobriété, nos producteurs n’y manquent pas. D’autres, ceux qui croient dur comme fer que nous sommes les plus intelligents au monde, devront peut-être revoir leurs prétentions.
La vie en rose
Quant à nous, consommateurs de vin et autres breuvages, la sobriété n’est pas nécessairement de mise. On peut donc s’adonner à des élucubrations incohérentes à souhait. Autre secteur, autre image : par exemple, en assistant au film “La Maison rose” du couple Joreige, on se demande bien comment on peut financer une telle production. Et on y répond (page 58), mais sans vraiment résoudre le problème audiovisuel. Pourtant, il paraît que les produits de type créatif et culturel font notre force - les économistes, toujours aussi savants, disent notre “avantage comparatif” par rapport aux pays de la région.
Prenons les livres, autre produit culturel. Là, on arrive à exporter et même à imprimer ce qui ne nous est pas nécessairement destiné (page 42). On va même jusqu’à produire des contrefaçons moins chères, sans vraiment l’avouer. C’est un peu la débrouillardise libanaise puisque les douanes s’obstinent à relever les taux. Ça leur apprendra. Elles ont déjà encaissé d’ailleurs une bonne leçon avec les produits agricoles. Entre calendriers mal gérés et frontières passoires, les bananes et autres laitues en contrebande s’étalent allègrement chez nos épiciers. Le dernier accord libano-syrien de libre-échange agricole ne résoudra peut-être pas entièrement le problème, mais sera - on l’espère - le prétexte idéal pour passer à d’autres cultures “à haute valeur ajoutée”, nous dit Raphaël Debbané (page 32). Il n’empêche que la contrebande continue à être un pan essentiel de notre économie, inexploré jusqu’à maintenant.
Il paraît même qu’on trouve de vrais champagnes à moitié prix dans l’arrière-boutique des épiciers. Mais là franchement qui s’en plaindrait ?
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