Les affaires et la religion ne font généralement pas bon ménage. À observer la ténacité de certains chefs d’entreprise libanais, on se demande pourtant si les ressorts de leur motivation ne relèvent pas de la foi. Contre vents et marées, ils mènent leur barque, battant pavillon libanais sous tous les cieux.
Nehmé Taouk, par exemple, le “chevrier” de Bécharré devenu roi du logiciel en Europe et aux États-Unis (voir p. 89), revendique ouvertement son appartenance chrétienne – une icône de la vierge ne le quitte pas, sur l’écran de son portable – mais son business est purement laïque. Son credo : productivité, compétitivité, qualité, excellence mondiale. De quoi faire des miracles. Sous sa houlette, quelque part dans la banlieue nord de Beyrouth, des centaines d’ingénieurs conçoivent les systèmes d’aide à la décision stratégique pour de grands groupes américains de la distribution.
Le Commerce du Levant consacre un dossier spécial aux apôtres du Liban technologique, ceux qui annoncent la bonne nouvelle : croissance, emploi et exportations appartiennent à notre vocabulaire ! Plusieurs pages d’exemples bien tangibles qui valent tous les prêches sur les qualités prétendument immuables de Beyrouth. Car les succès dont nous rendons compte ne doivent rien à la génétique ou à une “place naturellement retrouvée au cœur du monde arabe”. Ils sont le fruit du travail acharné d’hommes et de femmes, des risques pris, parangons de l’initiative privée… L’État ? Attendons son avènement.