Le gouvernement s'active pour faire passer un maximum de projets de lois et de décrets avant l'éventuel “saut dans l'inconnu” qui menace le Liban au cas où les bonnes fées ne parviennent pas à faire élire un successeur au président Émile Lahoud.
L'un de ces bébés est l'une des “réformes” attendues depuis des années... celle de la privatisation des deux réseaux de téléphonie mobile. Paradoxalement, elle a lieu dans la plus grande discrétion. Quelques initiés prennent position. Les uns s'opposent pour s'opposer, sans réels arguments. Les autres soutiennent aveuglément. De rares commentaires éclairés sont entendus ici et là, mais c'est tout. C'est à désespérer de la capacité des Libanais à s'intéresser vraiment à la chose publique, à donner du contenu au concept de l'exercice de la souveraineté dont l'évocation politicienne est tellement facile.
La vente de deux licences de téléphonie mobile est un événement majeur non seulement dans l'histoire particulièrement houleuse de ce secteur, mais pour l'économie tout entière, tant les télécoms symbolisent le potentiel entravé du Liban. Voilà un domaine où il pourrait exceller – il a été un précurseur au Moyen-Orient en la matière au début des années 1990 – mais dans lequel le Liban est en fait englué : un marché monopolistique, des prix exorbitants, un service médiocre, un faible taux de pénétration... Deux instances publiques sont chargées de renverser enfin la vapeur et de remettre enfin le “cellulaire” sur les rails, grâce à l'entrée en lice d'investisseurs privés et, surtout, la libéralisation du secteur. La perspective est réjouissante. L'effet multiplicateur de croissance va peut-être enfin se mettre en route.
Alors pourquoi ce désintérêt ? L'incertitude politique n'explique pas tout. Il est vrai que le processus enclenché pourra être entièrement modifié par le prochain gouvernement. La lassitude, voire le dégoût des Libanais semblent plus forts que tout. À moins que les réflexes politiciens aient purement et simplement anéanti toute capacité de réflexion…
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