Le ministre des Finances est une créature mal aimée ; pas le nôtre, mais celui de toutes les républiques de tous les pays. Il ne pense qu’à ça : tirer de l’argent de tout ce qui bouge, et rogner sur la plus petite dépense. Le contribuable, lui, est à l’opposé, diamétralement opposé. Il fait de l’évasion fiscale un point d’honneur et se déchaîne contre les ministres quand il considère qu’il n’en a pas pour son argent, c’est-à-dire presque toujours.
La valse des milliards
Pour revenir à notre endetté pays, le ministre des Finances ne fait pas exception. À cette différence près que les sondages d’opinion, de type “cote d’amour”, menés régulièrement sous d’autres cieux, n’existent pas chez nous. Malheureusement, car on aurait été fixé sur la popularité des uns et des autres. Ou plutôt sur ce que pense le peuple des performances de tel ou tel autre ministre des Finances (en réalité, on n’en a eu que deux depuis la fin de la guerre).
Georges Corm ne ménage pas ses critiques ; l’autre partie non plus. De longues listes de chiffres à 9 “figures” valsent dans les journaux pour étayer une réalité qui échappe à la majorité. Dans le long entretien qu’il nous a accordé (pages 12-17), le ministre Corm attaque, se défend, explique, raisonne et tente de convaincre. À défaut d’être aimé (il est ministre des Finances après tout), il est apprécié. C’est déjà quelque chose.
Le sport national
Mais il ne peut empêcher le pauvre contribuable, ou le contribuable pauvre, de se poser toujours la question sempiternelle : est-ce que nous en avons pour notre argent ? C’est que maintenant l’évasion fiscale, érigée depuis toujours en sport national, n’est plus ce qu’elle était. Quelle sale époque !
Il y a bien sûr ceux qui ne paient jamais rien (impôts, électricité, eau…) et qui forment une caste à part, appelée “les intouchables” ; mais les autres, les victimes du harcèlement fiscal, commencent à faire sérieusement des calculs de boutiquiers, de pertes et profits, de balance non équilibrée entre ce qu’ils versent, et ce qu’ils perçoivent en quantité et en qualité de services publics.
Il est vrai que Georges Corm a un passé “social”, presque un gauchisant pendant et après le terme. Et il tente - par des “mesurettes”, austérité budgétaire exige - de pallier les déséquilibres socioéconomiques. Il n’empêche qu’un slogan dans le genre “encore un effort, citoyens”, n’est plus dans l’air du temps.
Mais Georges Corm a enclenché un processus difficile qu’il faudrait bien le laisser mener à terme. Et, en plein automne, il fait un temps à ne pas mettre un ministre au bûcher.
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