Nous voilà donc repartis, comme notre couverture l’indique, pour la consommation de fin d’année, dopée par un festival hors pair (p. 56). Du moins, c’est ce qu’espèrent les commerçants de tout bord : importateurs, distributeurs, détaillants de produits de fin d’année (notre dossier alcoolisé pp. 18-41), concessionnaires autos (p. 60). Sinon comment va-t-on rattraper le retard accumulé pendant des mois, les importations ayant chuté de 15-20 % par rapport à l’année passée ?
Nous allons cependant être accusés de faire l’éloge de la société de consommation, ou pire, d’encourager à grever encore plus le déficit commercial du pays. Ces chefs d’accusation étant identifiés, nous avons quand même droit, dans un pays de droit, à une défense équitable.
État de satisfaction
Sans nous lancer dans une leçon d’économie, dont nous sommes incapables, on peut dire, sans risque d’erreur fondamentale, que la consommation est un élément essentiel de l’activité économique. Et tout choc brutal dans cette activité serait préjudiciable à tout le monde. Cela s’applique à tout pays, donc au Liban. Ainsi, avec cette frénésie saisonnière, tous les secteurs productifs et non productifs vont y gagner. Même les banques, qui recueilleront par conséquent moins d’épargne, seront de la partie, grâce à leurs nouveaux produits et services de détail.
Tout le pays sera donc en état de satisfaction. Tout le pays ? Non, reste encore un petit îlot d’empêcheurs de consommer en rond, qui craignent un dérapage des déficits et qui voient d’un mauvais œil cette vie “au-dessus de nos moyens”.
Ces économistes, puisqu’il faut les appeler par leur nom, n’ont probablement pas tort dans l’absolu. Nous espérons avec eux pour le prochain millénaire une meilleure industrie et des secteurs plus productifs, après plusieurs millénaires de commerce effréné. On fait mieux de produire de la richesse au lieu de la dilapider, et un peu de retenue n’a jamais fait de mal à personne.
Cercle vicieux
Seulement voilà, on se retrouve en plein cercle vicieux. Si tout le monde devrait se contenter d’une soupe aux lentilles, que feraient ceux qui, par exemple en cette période de fêtes, vivent de boissons alcoolisées, taxées par ailleurs à 105 %.
Ou alors tous ceux qui traitent de produits de luxe, de semi-luxe ou de quart-luxe, devraient se reconvertir en marchands ou producteurs de blé et de farine. On aura alors un peuple de boulangers.
Ça tombe bien. On était bien prévenu qu’on avait du pain sur la planche !
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