Deux informations à lire en parallèle dans ce numéro du Commerce du Levant : d’un côté, un aperçu des prix de l’immobilier à Beyrouth, de l’autre, une idée des salaires des Libanais. Il apparaît qu’il faut un budget minimum de 400 000 dollars pour acquérir un logement neuf dans la capitale, bien que le gros de l’offre se situe davantage autour de 700 000 à 800 000 dollars. Alors que, selon un sondage du site de recrutement bayt.com, 70 % des Libanais encaissent moins de 2 000 dollars par mois. Si l’on considère que le recours à Internet pour réaliser cette enquête introduit un biais, du fait que l’accès à la technologie témoigne déjà d’un certain niveau de revenu, ce résultat est probablement surévalué. Même s’il ne l’est pas, il signifie que plus des deux tiers de la population ont le plus grand mal à se loger à Beyrouth. Car les traites pour rembourser un prêt de plus de 400 000 dollars sur 20 ans sont d’au moins 1 600 dollars par mois, selon un calcul qui ne prend même pas en compte les intérêts, mais se limite au remboursement du principal. Or, tous les analystes de crédit le savent, la solvabilité d’un débiteur suppose que ses traites représentent environ le tiers de son revenu. On est bien loin de ces proportions. Malgré cette réalité socio-économique, la demande d’immobilier reste forte, en tout cas suffisamment pour soutenir l’offre. Elle émane, d’une part, des expatriés dont le niveau de revenu est déconnecté de la situation libanaise et, d’autre part, d’une catégorie de résidents dont le revenu principal n’est pas lié au salaire. Il faut y ajouter quelques investisseurs arabes et les 6 % de Libanais (selon bayt.com) dont le salaire mensuel est supérieur à 5 000 dollars. Au total, cela représente suffisamment de clients pour les quelque 2 500 logements à vendre sur le marché. On est en fait dans un segment de niche, celui du neuf, qui fixe la norme pour l’ensemble du marché, alors qu’une bonne partie de celui-ci – l’offre de logements anciens – est gelée.
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