Consacrer un dossier de couverture à Solidere relève de la gageure. L’ouverture des Souks est pourtant l’événement phare de l’actualité économique de cette fin d’année, à défaut de pouvoir célébrer l’avènement du nouveau gouvernement.
Le Commerce du Levant a été convié à un petit tour organisé par le service de presse de la société chargée de reconstruire le centre-ville de Beyrouth. De quoi prendre de jolies photos et apprendre quelques détails architecturaux. Nous avons aussi obtenu de haute lutte (au bout de trois mois de sollicitations) une entrevue d’une demi-heure avec le directeur général de la société. C’est tout. Autant dire que la majorité de nos questions sont restées sans réponse (informations financières, stratégie commerciale, positionnement, etc.).
Solidere est l’une des plus grandes entreprises du Liban. L’une des plus efficaces aussi, probablement. Mais la communication n’est pas son fort. Principale capitalisation de la Bourse de Beyrouth, elle publie le strict minimum pour satisfaire ses obligations de transparence financière. Quant au reste, c’est motus et bouche cousue. Pourquoi ? La politisation extrême des enjeux liés à cette société, depuis sa création, semble l’avoir condamnée à la paranoïa. Les journalistes, c’est bien connu, ne cherchent pas à informer leurs lecteurs ; ils ont toujours de mauvaises intentions… Résultat, c’est le verrouillage. Seul le patron est habilité à leur parler. Même avec toute la bonne volonté du monde – celle-ci n’est pas en cause –, l’exercice est impossible : comment caser un entretien entre un voyage à New York, la signature d’un contrat et toutes les tracasseries administratives quotidiennes ?
Nous avons donc opéré “par la bande” en faisant parler différents acteurs impliqués dans les Souks. Avec toutefois une impression d’inachevé.