Le crédit au logement se développe à grands pas au Liban. Des organismes comme la Banque de l’habitat ou l’Établissement public pour l’habitat y contribuent depuis des années. La Banque centrale a élaboré un nouveau système de subvention pour les encourager davantage encore, si les prêts sont libellés en livres. Les acquéreurs se frottent les mains. Les vendeurs aussi, bien entendu. Car ce coup de pouce est de plus en plus indispensable à l’accomplissement des transactions, depuis la flambée de l’immobilier. Difficile a priori d’y trouver quoi que ce soit à redire. Pourtant, ce développement banal en apparence est le symptôme de plusieurs dysfonctionnements. D’abord, parce que l’encouragement des crédits au logement n’est pas tant le produit d’une politique du logement mûrement réfléchie que la conséquence d’un excédent de plus en plus important de liquidités qu’il faut bien placer quelque part. Comme cet excédent a alimenté l’inflation immobilière, la facilitation du crédit contribue en quelque sorte à faire passer la pilule. Mais ces facilités soutiennent aussi les prix, puisqu’elles rendent possibles un certain nombre de transactions additionnelles. Ensuite, cette nouvelle vague de produits bancaires contribue à consacrer une idée suivant laquelle l’accession à la propriété est le seul moyen de se loger, reléguant aux oubliettes l’usage de la location. Au lieu de s’attaquer aux causes d’un problème, on se retrouve donc encore une fois à colmater des brèches pour atténuer son impact. Le crédit logement est bien sûr une nécessité. Cependant, si l’État se souciait réellement du logement des Libanais résidents dans le pays, son approche serait tout autre. La subvention du crédit au logement ne serait qu’un instrument dans une panoplie. Elle serait d’ailleurs beaucoup plus ciblée. Une véritable politique du logement suppose : de libéraliser les loyers pour libérer le stock d’appartements maintenus artificiellement hors du marché ; d’encourager l’investissement locatif ; de développer des projets de logement social ; de contenir la spéculation foncière qui alimente l’inflation à travers une fiscalité adaptée…