Les semaines passent et les espoirs, trop grands, placés dans le gouvernement d’union nationale s’amenuisent. Il suffit de lire le Journal Officiel pour se rendre compte de la difficulté du pouvoir exécutif à prendre des décisions, au-delà de celle, symbolique, concernant l’ajout d’une fête islamo-chrétienne, au calendrier déjà chargé des célébrations nationales. Même à minima, l’union ne fonctionne pas. Les hostilités internes ont cessé, c’est déjà pas mal. Mais de là à ce que la trêve cède la place à l’entente et au consensus, le pas à franchir est trop grand. La question du budget 2010 en témoigne. Inscrite comme l’une des priorités du gouvernement dans sa déclaration de politique générale, avec, fait rare, la fixation d’un délai (largement dépassé), elle n’a toujours pas été tranchée. Pourquoi ? Les tentatives d’explications sont nombreuses tant dans les salons que dans la presse. Le « sésame » viendra de Damas, prédisent les uns, comme une rengaine qu’on se remémore. Le chantage et le marchandage politicien battent leur plein, affirment les autres. Une chose est sûre, l’adoption du budget ne se résume pas à modifier une ou deux variables fiscales d’un coup de crayon. Le budget de l’Etat est le reflet d’une politique publique, d’équilibres sociaux, de partage et de redistribution des richesses, d’investissement, etc. C’est parce que personne ou presque ne souhaite réfléchir à ces problèmes, devenus des casse-tête à force d’inertie, que le choix de l’immobilisme prévaut. Surtout, la formule actuelle satisfait la grande majorité des forces politiques qui y trouvent leur compte. Certes, il y a des grincements de dents ici ou là, mais dans l’ensemble, la majorité des courants ont peur de perdre au change s’ils acceptent de modifier quoi que ce soit à l’échafaudage.