Le spectacle est affligeant. La manne pétrolière promise au Liban n’est pas encore extraite que déjà le bras de fer “politique” est engagé pour savoir qui va avoir la haute main sur son partage. L’exploration des fonds sous-marins et, plus encore, la gestion de la rente pétrolière représentent pourtant de vrais enjeux qui méritent un débat calme et sérieux. À la place de quoi, c’est la foire d’empoigne aux relents communautaires et géopolitiques !
Même si certains ministres et certains députés font leur part de travail technique et politique au sens noble du terme, le niveau du débat public est tellement dégradé que les citoyens libanais ont perdu toute confiance dans la capacité de leurs dirigeants à prendre des décisions éclairées. Les réactions d’incrédulité et de scepticisme qui ont accompagné l’annonce de l’adoption en Conseil des ministres d’un plan pour l’électricité en sont le meilleur exemple. Le Libanais lambda ne peut tout simplement pas croire qu’il aura le courant de façon ininterrompue dans quatre ans. À tort ? L’avenir le dira. Une chose est sûre, sans un minimum de confiance, il est difficile d’avancer. Or cette confiance fait également défaut entre les membres du gouvernement eux-mêmes qui passent autant sinon davantage de temps à désamorcer les scuds envoyés d’un “camp” à l’autre qu’à dialoguer et travailler ensemble sur des dossiers vitaux. Une main invisible ordonne pour l’instant que le gouvernement d’union nationale maintienne le cap. Tiendra-t-elle suffisamment longtemps pour que la mayonnaise finisse par prendre ?