C'’est probablement un résidu de la guerre : au début de chaque unité de temps (année, mois, semaine…), on a l’habitude de parler d’échéance. À peine donc que les festivités du bogue sont achevées, sur une bonne note, que les histoires d’échéance sont amplifiées de nouveau et médiatisées à souhait : négociations de paix, élections législatives, budget de l’État avec les mêmes polémiques sur la troisième décimale du chiffre de déficit.

Question innocente

Plus une échéance, oubliée celle-là ; celle de notre intégration dans un espace économique plus vaste, qui englobe l’Europe et la Méditerranée, Euromed pour les intimes (pp. 30-34). Mine de rien, une telle intégration est celle qui aura le plus grand impact sur le pays. C’est vrai qu’on n’a rien signé encore (on attend les autres), mais c’est, paraît-il, inéluctable, une question de “quand”, pas de “si”. Tellement inéluctable que des économistes de renom, très sérieux par ailleurs, nous ont ri au nez lorsque nous avons insisté sur notre question innocente : que se passera-t-il si, malgré tout, le Liban s’obstine à refuser le partenariat ?
N’empêche que, à part quelques initiatives privées, on est encore loin d’être prêts à cette… échéance. Il y a bien un projet de TVA en préparation, pour remplacer les désuètes taxes douanières. Une équipe interministérielle tente même d’identifier les sous-secteurs dits prometteurs.
Tout ceci est fort utile, quoique trop lent, trop partiel. Car, dans un pays où le privé prime, ce sont les entreprises qui sont les plus concernées. Certains entrepreneurs sont à l’avant-garde. Ce n’est pas pour rien qu’Antoine Wakim a été élu – initiative du groupe HEC – manager de l’année. Nous inaugurons d’ailleurs avec lui notre série “portraits” d’hommes d’affaires (p. 36).
Si son cas n’est pas une exception, ce n’est pas la règle non plus. Les opérations boursières, par exemple, bases de toute capitalisation moderne, sont souvent en état d’hibernation chez nous (pp. 14 et 22).

365 jours d’argent

Si Huguette Caland lisait cela, elle aurait encore plus de raison de tourner en dérision nos histoires de gros sous. Cette artiste, sœur de l’ex-gouverneur Michel el-Khoury, a réussi le tour de force de produire 365 œuvres d’art et d’humour sur le thème de l’argent (p. 52). Un exorcisme tout en beauté…
…Après l’autre exorcisme bien plus sérieux du chiffre 666. Comme si on n’avait pas assez d’ennuis, il ne manquait plus que Satan débarque chez nous pour un concert de fin d’année !