L'été se termine. Les vacanciers viennent faire un petit tour par chez nous et puis s'en vont. Les projecteurs médiatiques et diplomatiques se braquent sur le Liban lorsque ça chauffe à la frontière ou en plein Beyrouth puis ils vont suivre d'autres actualités brûlantes.

Pendant ce temps, ici, rien ne se passe. La décision publique est gelée. Tous les chantiers sont urgents, mais aucun ne l'est suffisamment pour forcer l'action.

On assiste au lent pourrissement des institutions, à l'annihilation de toute volonté politique, à la multiplication des incivilités quotidiennes, la recrudescence des transgressions ouvertes à l'autorité.

La résignation s'est depuis longtemps installée dans le cœur des Libanais. Il y en a bien sûr encore certains qui se révoltent, en paroles, mais dans le fond ils ont pris le parti de leur impuissance.

Même les jeunes n'ont pas l'esprit militant. L'envie de changer la société. Ils sont formatés pour partir en tout cas, à défaut d'espoir d'un avenir meilleur. Lorsqu'on a le goût de la chose publique, on se raccroche à la moindre perspective d'évolution. Tel ministre examine enfin tel dossier ? Il donnera peut-être l'impulsion qui permettra de dégager enfin une voie de sortie. Las. Le blocage perdure systématiquement. La dérive continue. Les solutions existent pourtant. Mais c'est la volonté qui a totalement disparu, l'envie de déplacer des montagnes. « La situation du pays » est le meilleur alibi pour justifier l'immobilisme.

Ce qui reste de l'État libanais est miné par l'incompétence et l'indolence.

On dit la France incapable de se réformer en douceur – elle fonctionnerait par révolution. Au Liban il ne faudra pas moins qu'un séisme.