Nous allons donner l’impression d’être sectaire en réservant notre couverture à Achrafieh (voir notre dossier pp. 30-37). Pourquoi pas Ras-Beyrouth ou le Sud ou Chmistar, si l’on veut prôner la couverture équilibrée pour un développement qui l’est aussi. Tout d’abord parce que nous couvrons bien toutes les régions selon leur cas, les événements et l’actualité. Ensuite, les quartiers, abords et entrées d’Achrafieh n’ont pas été franchement gâtés, après tout, par les travaux d’urbanisme. Certains quartiers relèvent même du quart-monde, remarque le député Michel Pharaon, tellement l’état des services publics y est piteux. Pour certains projets, nous dit-on, c’est surtout le problème des expropriations qui bloque tout. À croire qu’on est le seul pays où l’on exproprie pour construire des routes. À l’entrée du nouvel hôpital public de Beyrouth, on a bien versé, en 48 heures, 8 millions de dollars (300 $ le m2) pour déloger des squatters.
Le ABC des actions
Nous ne voulons certes pas tomber dans le pessimisme ambiant, bien que les estimations de croissance, fournies par des instituts internationaux sérieux, ne sont pas débordantes d’allégresse. On ne croît plus! C’est angoissant à terme un pays qui fait du surplace. La bourse ne stagne même pas d’ailleurs ; elle est plutôt dans un état d’hibernation avancée. Les banquiers ont proposé des solutions, pour leurs actions au moins. Déjà que ce n’était pas évident de faire des transactions boursières, avec le marasme de rigueur, il fallait en plus distinguer entre des actions A, B et C (p. 18). Le gouverneur a promis de régler l’affaire. Riad Salamé est certes un modèle de prudence, mais de là à imposer toute une batterie de paperasse et d’autorisations pour tout achat d’une action à 2 dollars, il y a de quoi décourager les pires accros des boursicoteurs.
Les bonnes nouvelles
Deux bonnes nouvelles quand même, du moins dans ce petit numéro du “Commerce” : L’Oréal est là. C’est toujours bon pour le moral des troupes de voir un numéro 1 mondial choisir le Liban comme base régionale. Il semble qu’il va tripler pour l’an 2000 son budget publicitaire (p. 29). Déjà que nos femmes, selon le patron régional, sont “surconsommatrices” de produits de beauté, on aura désormais une surdose de charme dans nos contrées. Les Abou Adal, agents depuis toujours des produits L’Oréal, semblent s’être confortablement adaptés au nouveau set-up. Tant mieux. Autre bonne nouvelle, bien plus nationale. Depuis la semaine passée, les fonctionnaires, y compris les hauts officiels de l’État et les élus, n’ont plus le droit de s’enrichir par des commissions, des pots-de-vin, des trafics d’influence, des délits d’initiés, etc. (p.12). Bien sûr, l’enrichissement illicite a toujours été une très vilaine chose, eu égard à la loi. Mais il paraît que les procédures pratiques faisaient défaut ! Maintenant c’est réglé.
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