Le touchant rituel de l’accueil des expatriés à l’aéroport de Beyrouth est devenu un symbole du mode de vie libanais. Qu’il pleuve ou qu’il vente, que le ciel politique soit sombre ou sans nuage, ils reviennent inlassablement du bout du monde, ou, de plus en plus souvent, des pays de la région, pour “voir la famille”. Car en dépit de l’exode, il reste toujours des parents au pays et, aussi, des frères ou des sœurs qui ont choisi “malgré tout” de vivre ici.
L’ambiance est immanquablement à la fête lors du retour des enfants prodigues. Mais les sentiments sont ambigus. L’émotion des retrouvailles mise à part, les “résidents” laissent percer de l’agacement teinté de reproche ou d’envie, tandis que les “expats” communiquent leur nostalgie indissociable de la certitude que « décidément, oui, ils sont mieux ailleurs ».
Des armées de psychanalystes pourraient se pencher sur ces relations nouées et dénouées à l’occasion des retrouvailles festives. Il serait en tout cas temps que des économistes s’intéressent en détail aux flux occasionnés par ces allées et venues, leur impact sur la structure des prix dans le pays, leur impact sur l’allocation sectorielle des investissements ; que le gouvernement s’interroge sur les adaptations fiscales nécessaires, les implications en matière de politiques économiques et sociales…
Beaucoup de clichés ont été évoqués à propos du modèle économique libanais : il était la Suisse du Moyen-Orient avant la guerre ; il était plus récemment question qu’il choisisse entre Hanoi ou Hong Kong… Il faudrait désormais en ajouter un autre, celui du Liban village de vacances. Une sorte de Club Med pour expats, sans le côté impersonnel.
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