Le ministère du Tourisme a appelé vendredi tous les établissements touristiques à régulariser leur situation, faute de quoi ils seront fermés et mis sous scellés.
« Selon les estimations disponibles, et en attendant des statistiques plus précises, sur près de 15.000 établissements touristiques, plus de 10.000 sont en situation irrégulière sur l’ensemble du territoire », a indiqué le ministre sortant du Tourisme Fadi Abboud au Commerce du Levant.
Théoriquement, l'ouverture d'un établissement touristique nécessite une autorisation du ministère du Tourisme, qui se fait en deux étapes. La première consiste à présenter les plans des travaux à faire dans un local afin de le transformer en établissement touristique. Une approbation est donnée au cas où les travaux envisagés sont conformes aux règlementations.
« Mais cette approbation ne constitue en aucun cas une autorisation de début d’activité », explique Fadi Abboud. La deuxième étape consiste à vérifier que les travaux ont été exécutés conformément aux plans présentés initialement. Une demande doit être présentée, avec des documents attestant par exemple de la disponibilité des places de parking, accompagnée d'une autorisation délivrée par la municipalité qui atteste la légalité de la construction.
Selon un propriétaire de restaurant à Gemmayzé, « c’est là que réside le principal problème. D'une part les places de parking sont rares à Beyrouth, et d'autre part le document de légalité de la construction est difficilement octroyé par la municipalité. Sur l’ensemble de la rue, seuls cinq établissements l’ont ».
La municipalité est chargée de vérifier que la construction respecte les règlementations, notamment celles qui concernent les distances entre les bâtiments ou l'empiètement sur les biens publics. La majorité des restaurants en bord de mer par exemple ne sont pas légaux car ils sont construits sur des domaines publics. La lenteur administrative et la corruption de certains agents municipaux expliquent également la difficulté d'obtenir une attestation de la municipalité.
Conscient de ce problème, et de la difficulté de répondre à d’autres exigences comme celles des places de parking, le ministre Abboud appelle donc les propriétaires d’établissements touristiques à présenter la demande de la deuxième phase, même si leur dossier est incomplet. « Nous pouvons correspondre avec la municipalité pour attester de la légalité de la construction. Au bout d’un mois, si la municipalité n’a pas répondu, je suis en droit de donner une autorisation provisoire à cet établissement », explique Abboud. « Les établissements qui ne font pas la demande de la deuxième phase seront fermés et mis sous scellés », assure-t-il.
Idéalement, Abboud souhaite disjoindre l’autorisation du ministère du Tourisme de la légalité de la construction. « Mais cela nécessite des décrets pris en Conseil des ministres », ajoute-t-il.