La concurrence est un bien précieux produit de notre système libéral. Cela ne veut pas dire qu’elle fonctionne à merveille. Chez les champions du libéralisme non plus d’ailleurs. Pourtant, des Bill Gates, malgré sa “position dominante”, on aimerait bien en avoir quelques-uns chez nous. Ça ne nous ferait pas de mal des génies qui pèsent près de 5 fois notre PIB.

Les clones

Mais, à part quelques monopoles bien stratégiques, les positions dominantes ne sont pas courantes chez nous. Pour se rattraper, on invente mieux (voir notre dossier pp. 22-27): des contrebandiers genre pistoleros très ingénieux, ressuscités par des taux douaniers qui aiguisent l’appétit du gain rapide. D’autres nous donnent l’occasion d’offrir de véritables clones de Barbie, modifiée génétiquement, à quart prix, ou encore des Crocodiles Lacoste vert pâle qui ressemblent plutôt à des lézards.
Ceci dit, certains nous proposent aussi de bonnes marques, très bien à tous égards ; seulement, selon les règlements de la représentation commerciale, ils ne sont tout simplement pas habilités à le faire…
De sorte que les plus avertis d’entre nous se perdent allègrement dans les produits étalés dans les échoppes, entre les vrais vrais, les faux vrais et les vrais faux. Du coup, la vie en rose des uns devient rapidement un marché gris pour les autres et noir pour les troisièmes. C’est dire qu’on nous fait voir de toutes les couleurs et dans des proportions effarantes. La routine quoi.

Les visionnaires

En attendant de faire le ménage dans ce capharnaüm, il faut bien qu’on honore le festival de shopping et de tourisme de février. Il y a de fortes chances, disent les visionnaires, que ce festival se perpétue toute l’année, si, quand et où la paix sera acquise.
D’aucuns, avec un courage louable, s’y préparent déjà. Avec, entre autres, le Phoenicia qui va donner à voir ses 500 chambres et suites le mois prochain, le Metropolitan de Sin el-Fil qui pose la première pierre (p. 20), et une cinquantaine de sociétés étrangères qui se sont implantées en un an, on rencontre bien des gens sensés qui mettent des millions de dollars sur le tapis pour être là au moment opportun.
Une façon de construire l’avenir au lieu de le prévoir ? Peut-être. À moins que ce ne soit encore un de ces miracles libanais dont personne, par définition, n’a pu déchiffrer le secret. Encore faut-il que quelqu’un cherche à le faire.