Les pratiques rentières sont ce qu’il y a de plus vilain en économie, nous dit-on. Le péché par omission le moins véniel de tous. L’omission d’abord d’investir dans des projets productifs un tant soit peu créateurs d’emplois. Au lieu et à la place de tels actes patriotiques, nous faisons l’étalage sur 14 pages des placements financiers, immobiliers, etc. Autrement dit, du gain facile (notre dossier pp. 22-42).
En réalité et tout d’abord, le gain n’est pas toujours si facile que ça. Si on se met à boursicoter, il faut s’attendre parfois à des sueurs froides dans le dos - à défaut de la sueur de notre front. Ensuite, si on pensait à activer notre bourse bien à nous, les adeptes des valeurs mobilières n’auraient peut-être pas besoin d’aller engranger le Nasdaq ; on pourrait ainsi participer au financement de nos entreprises, qui en ont grandement besoin.
Ces entreprises, pendant ce temps mort avant l’espoir de l’été, se débrouillent comme elles peuvent, et parfois avec beaucoup de bonheur. Les franchises (p. 62) prolifèrent à vue d’œil, appliquent des normes hors pair et raflent le marché. D’autres ont trouvé dans l’exportation leur planche de salut (voir Elcir p. 56), ou cèdent carrément à une multinationale la majorité de leur entreprise (les bus Ahdab, p. 54).

Innovation

Tout cela est bien beau, malgré les réticences du dernier carré de chauvins plutôt nombrilistes qu’autre chose. Restent cependant les guérillas urbaines, celles menées ces derniers temps par les autorités, compétentes ou non. L’idée est simple : attaquer les maquis du plus grand nombre d’investisseurs étrangers, ces brigands de grand chemin qui ont pour pseudonymes : France Télécom, Poste canadienne, Hochtief, Ansaldo… harceler les arrière-gardes de ceux qui ont osé signer des contrats publics.
Mais au fait qui a raison et qui a tort dans ces affaires ? Pour connaître la réponse, on aurait pu, anecdotiquement, recourir à des négociateurs, juristes, audits-conseils mondialement reconnus, arbitres-juges, tribunaux… Bref, ces antiques moyens de régler d’éventuels litiges. Mais non, on préfère innover en s’adonnant à une diarrhée de surenchère verbale. À qui mieux mieux, on exige des dizaines de millions, puis des milliards de dollars. On lance des anathèmes à des Machiavels qui ont abusé de nos candides enfants de chœur administratifs, des appels à la lapidation en lieu public, pour servir d’exemple à des entreprises qui seraient tentées de fouler notre sol.
Justement, le message, reçu 5 sur 5, risque d’être compris au-delà des espérances. Déjà que notre réputation n’était pas exactement à l’encens…