Un article du Dossier

L’économie syrienne est durement affectée

Les régions syriennes ont été diversement affectées par la contestation populaire qui secoue le pays depuis la mi-mars. L’intensité du mouvement populaire et la réaction des autorités, le poids relatif de certains secteurs économiques ainsi que leur situation géographique sont trois facteurs qui ont joué un rôle plus ou moins important sur leur activité économique.

Alep
La grande métropole du nord de la Syrie est l’une des moins touchées par le mouvement de contestation. La détérioration des relations avec la Turquie, qui ont servi d’ancrage au développement de son rôle économique ces dernières années, a un impact négatif. La fuite des touristes, investisseurs et commerçants turcs s’est en effet accélérée avec l’enlisement de la crise syrienne. Le secteur touristique dont le rôle grandissait ces dernières années a également été affecté, comme dans le reste du pays. La croissance de la production agricole – Alep étant une plaque tournante pour le commerce et la distribution des produits agricoles de la Jazirah – ainsi que le frein qui a été mis aux importations turques permet cependant de compenser en partie les pertes. Le secteur manufacturier alépin rivalise en effet par sa taille avec celui de la capitale.

Homs, Hama et Idlib
Ces trois villes et leurs régions sont à la fois le centre géographique de la Syrie et, depuis le début de l’été, celui de la contestation. Hama et Idlib sont par ailleurs d’importants centres pour le secteur agricole que ce soit pour la production ou la distribution, alors que par sa zone industrielle et sa raffinerie, Homs est le troisième centre industriel et manufacturier du pays. La difficulté d’accéder à ces régions depuis plusieurs mois rend difficile toute évaluation des dégâts,  mais témoigne en même temps de la situation dans laquelle se trouvent les opérateurs économiques. Aux difficultés des transports et l’arrêt de nombreuses entreprises manufacturières s’ajoutent les appels à la grève fréquents lancés par l’opposition. Cette région est de loin la plus touchée économiquement.

Le Hauran
Cette plaine agricole couvre à peu près tout le sud de la Syrie, de Damas à la frontière jordanienne. De sa principale ville, Daraa, est partie la contestation où elle continue d’être très intense. L’activité économique est largement à l’arrêt dans les nombreuses parties qui la composent, même si la région de Soueida, peu touchée par la révolte populaire, ainsi que les rapatriements d’expatriés – dans le Golfe et en Amérique du Sud – permettent de compenser en partie ce déclin.

La Jazirah
La Jazirah est à elle seule la source de près du tiers de la production intérieure brute du pays grâce aux ressources pétrolières, qui y sont en grande partie localisées, et à sa production agricole ; cette région du nord-est syrien est en effet le grenier à blé du pays mais aussi le centre de production du coton et de l’orge. Alors que les grandes villes du nord-est comme Hassaké et Qamishli ont été peu gagnées par la révolte, la ville de Deir ez-Zor, située dans son Sud, est l’une des plus affectées. Les bonnes pluies ont permis une récolte satisfaisante alors que la production pétrolière, touchée par un embargo européen, a souffert en fin d’année. Mais la région bénéficie de toute manière relativement peu des recettes d’exportation du pétrole qui sont reversées au gouvernement central.

La région côtière
Bien qu’en bonne partie acquise aux autorités, les deux gouvernorats de Lattaquié et de Tartous ont souffert de l’effondrement du secteur touristique ainsi que de la baisse du commerce international. La raffinerie de Banias a également dû réduire son activité à la suite des actions de sabotage qui ont touché les oléoducs transportant le brut. Autour de la ville de Lattaquié sont basées des industries manufacturières légères qui continuent de tourner à un rythme satisfaisant.

Damas et sa région
Le rôle grandissant de plaque tournante économique, auquel la capitale politique, économique et d’affaire du pays aspirait, est largement écorné par la crise que vit la Syrie. La fuite des investisseurs internationaux et la baisse d’activité du secteur des services ont touché Damas plus que d’autres villes du pays. Quant à ses banlieues, largement paupérisées depuis des années, elles sont parmi les plus actives dans le mouvement de contestation. La présence importante d’administrations publiques ainsi que le rôle de vitrine de la capitale qui poussent les autorités à tenter de lui donner des apparences de normalité, permettent à Damas de s’en sortir à moindre mal.

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