Le Liban vit depuis des mois déjà au rythme des “événements” en Syrie – un euphémisme jadis utilisé pour décrire la guerre de 1975-1990 – et il en subit bien entendu l’impact. La première question qui se pose à tous est de savoir combien cette “crise” va durer, d’où l’assiduité avec laquelle le conflit entre Assad et ses opposants est suivi. Mais à part cette attitude libanaise classique qui consiste à attendre la prochaine échéance – celle de la chute du régime dans un délai plus ou moins long – pour passer à une nouvelle étape, sans savoir de quoi sera fait ce lendemain, ni le préparer en aucune manière... rares sont les analyses des conséquences immédiates et à moyen terme de ce conflit sur l’économie libanaise. On a des bribes. Une saison touristique catastrophique. Des problèmes de transit et donc d’exportations, mais aussi d’importations de certains produits agricoles. Un regain des approvisionnements en Syrie via le Liban pour contourner les différents embargos. La présence de plus en plus forte de Syriens au Liban qu’ils soient aisés, en mesure de louer ou d’acheter des logements, ou démunis, à la recherche d’abris et de travail. La disparition de la concurrence sur certains marchés, notamment agricoles, qui change la donne commerciale. Des spéculations sur la présence ou non d’argent syrien dans les banques libanaises. Etc. Aucune analyse en revanche sur l’impact macroéconomique de cette guerre à nos frontières. Aucune politique pour atténuer les effets négatifs et profiter des aspects positifs – pardon, j’oubliais, le gouvernement n’a en tout cas aucune politique tout court. Le modèle économique qui a prévalu ces dernières années pourra-t-il résister cette fois encore en cas de prolongation de la crise ? Les “problèmes sécuritaires” auront-ils cette fois durablement raison du tourisme qui apporte l’argent frais indispensable à ce modèle ? Même question pour l’immobilier dont la flambée a en grande partie expliqué la croissance de ces dernières années. Il est encore trop tôt pour des conclusions hâtives, mais la réflexion, elle s’impose.