L’année 2011 est celle de la Chine : elle représente 41,4 % du marché mondial des ventes aux enchères, Hong Kong et Beijing concurrencent sérieusement les places historiques telles Paris, voire Londres (New York conservant sa place de reine incontestée), six des dix artistes qui ont le plus vendu en 2011 sont chinois.
C’est ce qui ressort du rapport d’Artprice, une entreprise française spécialisée dans l’information sur le marché mondial de l’art, qui a compilé les 6,3 millions (!) de résultats de ventes aux enchères de 4 500 maisons de vente réparties aux quatre coins de la planète.
Le marché mondial des ventes aux enchères a généré 11,57 milliards de dollars en 2011, en progression de 21 % par rapport à 2010. Peintures, sculptures, photos, dessins et autres… tous les supports sont en progression et tous les segments sont concernés : l’art moderne, l’art d’après-guerre, l’art contemporain, les anciens maîtres, l’art du XIXe siècle. Artprice relève que dans un contexte de crise de la dette et de très forte volatilité des marchés financiers, l’art a servi de valeur refuge à de nombreux investisseurs, malgré un début d’année assez ralenti.
C’est le marché chinois qui est le principal moteur de cette hausse, avec une croissance de 49 %, tirée par la forte demande de ses propres collectionneurs très riches ainsi que par un nombre croissant de fonds d’investissements chinois dans l’art. Il est suivi par le marché anglais (+24 %), le marché français (+9 %) et le marché allemand (+23 %) ; dans le top 5, seuls les États-Unis ont enregistré une contraction des ventes, de 3 %, malgré la vente record de Sotheby’s à New York en octobre 2011.
La position de la Chine est d’autant plus remarquable que celle-ci ne représente que 10,8 % du volume global d’enchères, comparé à 16 % pour la France et 15 % pour les États-Unis. Ce qui signifie que c’est également la Chine qui tire le segment haut de gamme, qui connaît un dynamisme extraordinaire : pas moins de 1 688 œuvres se sont vendues au-delà d’un million de dollars, dont 59 ont dépassé les 10 millions de dollars.
La Chine domine également le marché de l’art moderne, poussée en cela par ses propres artistes dont la cote explose : près de la moitié des 164 000 œuvres modernes vendues cette année (pour un total de 6,07 milliards de dollars) l’ont été en Chine. La maison de ventes aux enchères China Guardian basée à Beijing a vendu l’œuvre la plus chère de l’année : “Eagle Standing on Pine Tree, Four-Character Couplet in Seal Script” de l’artiste Qi Baishi, à 57,2 millions de dollars. C’est le record pour une œuvre moderne chinoise.
C’est encore la Chine qui domine le marché de l’art contemporain, avec un chiffre d’affaires de 540 millions de dollars, devant les États-Unis (310 millions de dollars). Dans le monde, plus de 41 000 œuvres contemporaines ont trouvé acquéreur en 2011, générant un revenu de 1,26 milliard de dollars. L’art contemporain reste abordable : 2 % des œuvres contemporaines se sont vendues au-dessous de    5 000 dollars en 2011, même si la tendance est à la hausse.
Si les chiffres des ventes aux enchères sont vertigineux, ce n’est encore rien par rapport au marché total de l’art ; on estime en effet que «  80 % du marché est réalisé en dehors des salles de ventes, c’est-à-dire dans les galeries, entre particuliers, ou directement de l’artiste à l’acheteur », explique Pascal Odile, directeur artistique de Beirut Art Fair.

Christie’s et Sotheby’s  dominent toujours le marché

Ce sont toujours les deux maisons de vente aux enchères, Christie’s et Sotheby’s, qui assurent le gros (47 %) des ventes d’art mondiales, mais elles sont de plus en plus concurrencées, notamment par les maisons chinoises. Par comparaison, au début du millénaire, elles monopolisaient 73 % du marché. Leurs places principales de vente restent New York et Londres, qui perdent cependant des parts de marché au profit des places asiatiques.
 

 

L’art du Menasa représente moins de 5 % du marché mondial

Un peu plus de 200 millions de dollars : c’est le chiffre d’affaires totalisé par Christie’s en presque six ans au Moyen-Orient, depuis son arrivée à Dubaï en 2006. En comparaison, l’artiste chinois Zang Daqhian, qui domine le marché mondial en 2011, a vu ses œuvres s’échanger pour plus de 550 millions de dollars cette année-là. 
C’est dire combien le marché de l’art au Moyen-Orient, et plus globalement dans la région Menasa (Moyen-Orient, Afrique du Nord et Asie du Sud), a encore un grand potentiel de développement : il représenterait aujourd’hui moins de 5 % du marché mondial de l’art, selon Pascal Odile, directeur artistique de Beirut Art Fair.
La mise en place d’une politique culturelle agressive dans les pays du Golfe et l’émergence d’une nouvelle classe de jeunes collectionneurs très riches poussent doucement, mais sûrement le marché vers le haut : l’Égyptien Mohammad Saïd a par exemple franchi la barre des 2,5 millions de dollars pour une de ses œuvres. Les Libanais sont encore loin derrière : ils n’ont pas encore dépassé les 400 000 dollars.