Un article du Dossier
Le design libanais se forge une identité
Apple, Starck, Ikéa. Il y a peu de points communs entre ces trois marques. L’une fait de la haute technologie, l’autre est à l’image de son créateur : touche-à-tout du design, quand la dernière habille les chambres d’étudiants. Pourtant chacune représente à sa manière l’évolution du design de ces dernières années. Revue de ce qui fait leur renommée.
Apple, ou le design roi : née en 1976, la marque Apple est très vite reconnue pour son design, d’abord grâce à son logo, créé en 1977, qui devient tout de suite un élément d’identité fort et est désormais aussi célèbre que celui de Coca-Cola ou de Nike. Apple a également su créer les critères d’une identification à la marque. Une communauté d’utilisateurs se retrouvent autour d’Apple avec pour signe de reconnaissance le design des produits, qui leur permet d’identifier rapidement un membre de la communauté. Car la marque à la pomme c’est d’abord un choix de couleurs qui ne diffère pas selon les produits et qui donne une unicité à l’ensemble de la gamme. Apple a choisi, en se démarquant de ses concurrents, de favoriser le blanc et le noir (pour les produits de consommation courante, tels les MacBook ou les iPod) et l’aluminium brossé (pour les produits professionnels). Autre caractéristique du design Apple : des formes rectilignes avec des contours légers et des bords arrondis. Le tournant du design dans l’entreprise c’est à Jonathan Ive qu’on le doit. Jeune designer travaillant pour la firme dès 1992, il est nommé vice-président responsable de design industriel en 1997. Il a alors carte blanche pour faire redécoller la marque en perte de vitesse. L’iMac naîtra en 1998. Suivront l’iPod en 2001, vendu à plus de 1,5 million d’exemplaires en 2003, l’iPhone en 2007, vendu jusqu’à ce jour à 250 millions d’exemplaires, puis l’iPad en 2010, vendu à 11,8 millions d’exemplaires pour le seul deuxième trimestre 2012. Le succès est au-rendez-vous, avec un chiffre d’affaires en 2011 de plus de 108 milliards de dollars, en hausse de 38,97 % par rapport à 2010. Signe de reconnaissance, Dieter Rams (cf. encadré sur les 10 commandements p. 106), designer de Braun, cite Apple comme l’entreprise qui considère le design comme il devrait l’être dans toute l’industrie.
Starck, le touche-à-tout : si l’on devait choisir un designer industriel de référence, ce pourrait être lui. Chaises, chaussures, brosses à dents et même éoliennes, jouets ou packaging d’une célèbre marque de pâtes française... Philippe Starck a tout tenté. Il se consacre principalement à la création en série de produits de consommation courante plutôt qu’à la conception de pièces uniques. En 1983, il sort de l’ombre car il est invité par l’ancien président français François Mitterrand à réaliser la décoration des appartements privés de l’Élysée. Le grand public découvre alors celui qui a commencé sa carrière en créant des chaises. Outre son caractère touche à tout qui fait de lui un designer à part, la marque de fabrique de Philippe Starck c’est sa volonté toujours affichée de créer un design de qualité tout en étant démocratique, accessible à tous. Pour cela, il décide de produire en série afin de baisser les coûts. Depuis 1984, il travaille par exemple en collaboration avec le catalogue des 3 Suisses et a créé pour lui une gamme de mobilier “La maison de Starck”. Son modèle de chaise Louis Ghost de Kartell a été vendu à plus d’un million d’exemplaires.
Ikéa, le design à portée de bras : voulant équiper son appartement de célibataire après avoir quitté le foyer familial, Doreen Toutikian est bien embêtée. Elle, qui est pourtant designer et fondatrice de la Design Week à Beyrouth, ne peut s’offrir une pièce unique de designer, et, au Liban, la marque suédoise ne s’est pas encore installée : « Pourtant il y a du potentiel. Les jeunes sont de plus en plus nombreux à quitter leurs parents sans toutefois se marier et s’installer dans ce qui sera leur maison pour la vie. » Ikéa, la marque des jeunes ? Pas seulement. Ce qui fait le succès de la firme c’est qu’elle s’adresse au plus grand nombre et a démocratisé l’accès au design. Son atout : proposer des meubles à bas coût au design simple mais moderne, toujours influencé par des origines suédoises : bois blond et lignes épurées. Pourtant la marque n’est pas aussi jeune qu’il n’y paraît, puisque le premier meuble proposé date de 1947 ! Ikéa, c’est aujourd’hui 333 boutiques dans 41 pays. L’entreprise a réalisé en 2011 un chiffre d’affaires de 25,2 milliards d’euros pour un bénéfice de 3 milliards (selon le rapport d’activités annuel 2011). Le concept est simple : des meubles en kit en libre service, sur le principe de la grande distribution. Il manquerait peut-être un critère parmi ceux de Dieter Rams pour être reconnu comme un “bon design”, celui de respecter l’environnement. La marque est le troisième plus gros consommateur de bois au monde.
Starck, le touche-à-tout : si l’on devait choisir un designer industriel de référence, ce pourrait être lui. Chaises, chaussures, brosses à dents et même éoliennes, jouets ou packaging d’une célèbre marque de pâtes française... Philippe Starck a tout tenté. Il se consacre principalement à la création en série de produits de consommation courante plutôt qu’à la conception de pièces uniques. En 1983, il sort de l’ombre car il est invité par l’ancien président français François Mitterrand à réaliser la décoration des appartements privés de l’Élysée. Le grand public découvre alors celui qui a commencé sa carrière en créant des chaises. Outre son caractère touche à tout qui fait de lui un designer à part, la marque de fabrique de Philippe Starck c’est sa volonté toujours affichée de créer un design de qualité tout en étant démocratique, accessible à tous. Pour cela, il décide de produire en série afin de baisser les coûts. Depuis 1984, il travaille par exemple en collaboration avec le catalogue des 3 Suisses et a créé pour lui une gamme de mobilier “La maison de Starck”. Son modèle de chaise Louis Ghost de Kartell a été vendu à plus d’un million d’exemplaires.
Ikéa, le design à portée de bras : voulant équiper son appartement de célibataire après avoir quitté le foyer familial, Doreen Toutikian est bien embêtée. Elle, qui est pourtant designer et fondatrice de la Design Week à Beyrouth, ne peut s’offrir une pièce unique de designer, et, au Liban, la marque suédoise ne s’est pas encore installée : « Pourtant il y a du potentiel. Les jeunes sont de plus en plus nombreux à quitter leurs parents sans toutefois se marier et s’installer dans ce qui sera leur maison pour la vie. » Ikéa, la marque des jeunes ? Pas seulement. Ce qui fait le succès de la firme c’est qu’elle s’adresse au plus grand nombre et a démocratisé l’accès au design. Son atout : proposer des meubles à bas coût au design simple mais moderne, toujours influencé par des origines suédoises : bois blond et lignes épurées. Pourtant la marque n’est pas aussi jeune qu’il n’y paraît, puisque le premier meuble proposé date de 1947 ! Ikéa, c’est aujourd’hui 333 boutiques dans 41 pays. L’entreprise a réalisé en 2011 un chiffre d’affaires de 25,2 milliards d’euros pour un bénéfice de 3 milliards (selon le rapport d’activités annuel 2011). Le concept est simple : des meubles en kit en libre service, sur le principe de la grande distribution. Il manquerait peut-être un critère parmi ceux de Dieter Rams pour être reconnu comme un “bon design”, celui de respecter l’environnement. La marque est le troisième plus gros consommateur de bois au monde.