La grève est par nature une action destinée à perturber. Cette perturbation n’est pas une fin en soi mais un moyen de faire entendre une revendication à travers une épreuve de force. C’est la raison pour laquelle le droit de grève est un droit consacré par les pays respectueux des droits de l’homme. Ce droit de grève est garanti par le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, un texte complémentaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme que le Liban a adopté à l’instar de la majorité des États membres de l’Onu. Certes le droit de grève est encadré car il ne peut être illimité. Mais il reste l’un des fondements du fonctionnement d’une société démocratique et ce sont des mouvements de grèves qui ont permis des avancées sociales majeures dans les grands pays industriels. Quelles que soient les opinions que l’on peut avoir sur la justesse des revendications des employés de la fonction publique et des enseignants, la renaissance du mouvement syndical libanais à l’occasion de leur grève est une bonne nouvelle pour le pays. Pour la première fois depuis des années ce mouvement est apolitique dans le sens qu’il n’est pas actionné par un parti ou un leader communautaire donné pour servir ses intérêts et ceux de sa clientèle. Pour la première fois depuis des années, ce mouvement concerne des couches transversales de la société libanaise – allant jusqu’à unir le secteur public et le secteur privé ! – en dépit des partis et des communautés.