Une telle campagne médiatisée à souhait contre la corruption, de mémoire de corrompu ou de corrompeur, on n’a jamais vu ça. Le fait que tous les médias s’y mettent, et avec un tel matraquage, c’est de deux choses l’une : ou bien tout le monde s’est réveillé en même temps, ou alors un mot d’ordre venant d’un haut lieu a été propagé, répercuté et probablement confirmé par des coups de fil présidentiels.
kullunamassoul.com ne répondait toujours pas à l’heure de mettre sous presse. Mais “nous-sommes-tous-responsables@notre-république.lb” est bien antérieur à la création d’Internet. User de nouveaux médias et d’anciens est cependant une trouvaille à saluer. Faute d’appuis suffisants dans l’establishment, on s’adresse ainsi directement à la masse des victimes, entre un Ya-leil-ya-ein et divers S.L.Chi. Comme quoi, on peut toujours joindre l’utile à l’agréable – des blasés professionnels diraient l’inutile au désagréable.

Place à la fiction

En attendant Godot, à la télé, nous serons tentés de recourir à la fiction. Le cinéma nous en offre d’excellentes. Loin de vouloir concurrencer J.-P. Goux-Pelletan, notre dossier ce mois (voir pp. 54-65) vous en dit long sur les oscars du secteur. Une belle concentration d’opérateurs de salles – Empire/Planète, des alliances qui se font et se défont avec les autres médias, avec les 4 gros distributeurs, les machines à rêver que sont Paramount, Disney ou Fox. Trois millions d’entrées annuelles que se dispute tout ce beau monde à coups de millions de dollars d’installations, de complexes multisalles en dolby surround, dans une grande bataille de titans. On saura assez tôt qui seront les meilleurs acteurs de premier ou de second rôle, la meilleure mise en scène des alliances… et les meilleurs traficotages des chaînes satellite piratées.

Bulles financières

Même les banques n’ont pas pu faire autant d’effets spéciaux cette année, avec un bilan 1999 assez mitigé (p. 22). C’est que l’heure n’est pas à l’euphorie. Même les pauvres chips en sachets de 250 LL ressentent la réticence de nos petits écoliers à bousculer leur tirelire. Malgré une production industrielle dans la règle de l’art, revisitée par notre reportage photos ad hoc (p. 48).
Une autre nouvelle rubrique, consacrée cette fois à vos droits, vous évitera peut-être de statuer sur votre problème d’héritage avec un procureur général rencontré en plein Alecco’s. Et vous fera économiser une consultation (p. 96).
«Parce que l’économie nous concerne tous», dit notre slogan. Parce que «nous sommes tous responsables», assène l’autre. Décidément, on – le peuple – n’a jamais été autant sollicité. C’est à croire qu’il réexiste vraiment.