N’en déplaise au ministère de l’Énergie qui annonce à coups d’affiches publicitaires que « le Liban a désormais du pétrole », le chemin à parcourir est encore long. Surtout si le Liban veut éviter de subir la “malédiction” des pays où ce type de richesses ne font qu’alimenter la corruption, les économies de rente et des inégalités sociales criantes. Même si les experts internationaux saluent à ce stade les choix effectués par le Liban, notamment le recours à un appel d’offres pour l’allocation de licences d’exploration, plutôt que la conclusion de contrats de gré à gré ; les obstacles à franchir pour que le pays profite réellement de ces découvertes à venir sont nombreux. En la matière, la bataille que se livrent les partis politiques autour du portefeuille de l’Énergie ne présage rien de bon. Le pire serait que le secteur pétrolier naissant soit géré selon la logique de partage du gâteau entre chefs communautaires qui a prévalu depuis la fin de la guerre. La composition de l’Autorité de l’énergie s’est d’ores et déjà inscrite dans ce modèle. Pourquoi ne pas au contraire faire de ce secteur un laboratoire pour un nouveau mode de fonctionnement des institutions qui privilégierait la compétence au lieu de l’allégeance à un “zaïm”. Car les chantiers à venir sont complexes. Le gaz n’est pas comme le pétrole. Il ne suffit pas de le découvrir et de le vendre. Son exploitation doit obligatoirement s’inscrire dans une stratégie énergétique et industrielle nationale. Ce qui suppose de mener une réflexion globale (fiscale, économique, énergétique, juridique…). Un exercice nouveau dans la grammaire politique libanaise.