Saad Hariri a amené en urgence de Riyad un milliard de dollars pour colmater les brèches et consolider ce qui reste des institutions de l’État libanais, à savoir son armée. Passons sur le fait que cette valise ne respecte en rien les règles des finances publiques et de la Constitution. La finalité semble justifier les moyens : les premiers coups de boutoir sérieux des jihadistes contre le Liban valent bien ces incartades. On n’est plus à ça près. La méthode est en tout cas probablement plus efficace que les appels à la charité lancés au plus fort de la bataille de Ersal pour soutenir nos “boys”.  Et elle contribue à entretenir un certain optimisme qui prévaut encore malgré l’anxiété palpable dans tous les recoins du Liban. Est-ce parce que le pays est lui-même passé il n’y a pas si longtemps par les affres de la guerre ? La violence débridée du nouveau modèle de société jihadiste qui se développe à nos portes ne parvient pas à décourager totalement la conviction que le “modèle” libanais de convivialité est encore possible, même s’il faudra un jour s’atteler sérieusement à le rendre fonctionnel et juste. Les passeports pour l’étranger sont toujours à portée de main. Mais pour l’instant on serre les dents et “on reste”.  D’autant que la crise économique n’est finalement pas si aiguë que cela. Certes les touristes ne sont pas venus en nombre. Mais le Liban n’est encore jamais tombé en véritable récession. Et ses capacités de rebond sont bien réelles.