43 ans Historien d’art et photographe Collection : débutée au milieu des années 1995. Environ 50 pièces Première pièce acquise : une gravure de la Renaissance, signée de Marcantonio Raimondi, le graveur de “Raphaël”, représentant une allégorie de la poésie Dernière pièce acquise : un cliché noir et blanc du photographe japonais Daido Moriyama, acheté à Art Basel cette année |
Grégory Buchakjian regarde le listing. « Hum… Je suis donc le “collectionneur fauché” de cette série ? » L’idée l’amuse. Mieux, il en revendique le titre : « On n’a pas toujours besoin de sommes folles pour acheter de l’art. On peut s’intéresser à des “médias mineurs”. » Si comme Grégory Buchakjian, vous manquez d’espace ou de budget, préférez aux grands formats, aujourd’hui à la mode, des gabarits minimalistes. « J’aime aussi ce “regard intime” du petit format. Chacun me raconte une histoire, un souvenir, une rencontre. » Autre piste ? Soyez, comme lui, curieux de lointains univers. La collection de Buchakjian – pour être plus exacte ses collections – s’intéresse à des domaines, peu explorés au Liban, comme l’art vietnamien ou indien. Bien sûr, le Liban figure en bonne place dans son panthéon artistique personnel. « J’ai la chance aussi d’avoir reçu beaucoup de ces pièces en cadeaux. Elles n’en sont que plus précieuses. »
À ces objets glanés au fil du temps, voit-il un thème commun ? « Beaucoup de ces œuvres questionnent la ville et le corps, voire le corps dans la ville. » L’une des pièces maîtresses de sa collection est une œuvre de l’architecte Bernard Khoury. Six photographies noir et blanc qui évoquent une possible reconstruction de Beyrouth.
Mais le regard de Grégory Buchakjian est aussi celui d’un historien de l’art, d’un photographe (voire cinéaste) professionnel. Il est même depuis peu l’un des conseillers du futur Musée Saradar. Un “œil” aguerri donc, qui sait reconnaître le talent méconnu. On pense à Halim Jurdak (1927), Jean Khalifé (1925) dont peu d’œuvres circulent et que le marché n’a pas encore repérées. Ou encore à Fadi Barrage (1940-1988), dont une aquarelle sublime de légèreté et de tristesse est accrochée aux murs de son salon. Une œuvre rare encore, dont l’exceptionnel n’a justement pas de prix pour lui.