La diaspora est sur toutes les lèvres. Les start-up espèrent attirer les business angels libanais. Les fonds espèrent orienter des investisseurs désireux de contribuer à l’essor de leur pays d’origine. Certains audacieux espèrent attirer tout simplement des investissements directs dans le tissu économique libanais. Les hôtels et autres établissements touristiques misent sur l’attachement des émigrés à leur terre natale à défaut de pouvoir cibler plus large. Les promoteurs immobiliers veulent écouler leurs stocks d’appartements auprès des “expats”. Commerçants, banquiers et industriels souhaitent s’appuyer sur leurs compatriotes établis à l’étranger de longue date – souvent avec succès – pour accéder à de nouveaux marchés. Sans compter les ménages dont le pouvoir d’achat est très souvent alimenté par des transferts d’un ou de plusieurs membres de la famille à l’étranger. Et cetera. En réalité tous ces types de flux existent déjà. Mais l’angélisme du discours sur la diaspora fait oublier que cet argent n’a pas le même intérêt suivant l’usage que l’on en fait. Ces flux alimentent aujourd’hui très majoritairement la consommation et la spéculation qui affaiblissent la compétitivité globale de l’économie libanaise, au détriment de l’investissement qui est censé la renforcer. À force de louer la diaspora, on en arrive même à oublier qu’elle ne cesse de grossir du fait des vagues continues d’émigration. Et que la véritable réussite d’une éventuelle stratégie de canalisation de cette force incontestable – une stratégie qui reste dans les limbes – serait justement de tarir cette source en permettant aux Libanais de trouver chez eux leurs moyens de subsistance.
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