Un mois après l’élection d’un nouveau président libanais qui met fin à deux ans et demi de vacance à la tête de l’État, le gouvernement n’est toujours pas formé. À l’heure d’aller sous presse, les “tractations” butaient toujours sur ce qu’il est désormais convenu d’appeler le “partage du gâteau”. Sachant que, dans l’étrange système institutionnel pratiqué au Liban, l’exécutif est conçu comme le miroir de l’ensemble des forces représentées au Parlement et non pas d’une éventuelle majorité. L’un des enjeux sera d’ailleurs d’organiser des législatives sur la base d’une loi garantissant à l’ensemble des forces aujourd’hui représentées de revenir au pouvoir moyennant d’éventuels légers ajustements. La logique de partage n’est pas seulement politique, elle est ouvertement prédatrice de la rente que constituent toujours les dépenses publiques, financées par un endettement débridé. Car si les analyses se plaisent à lire les tiraillements à la lumière des rapports de force géopolitiques – l’attribution d’un maroquin à telle ou telle personnalité signifiant la prédominance de “l’axe” iranien ou saoudien – plus personne ne s’émeut de “l’attachement” à un ministère donné dit “de services”, comme celui des Travaux publics et des Transports ; ou au dédain affiché pour tel autre portefeuille de moindre importance, comme celui de… l’Environnement ! Évidemment, le critère d’appréciation n’est pas l’intérêt collectif, ou en tout cas la prétention à agir dans l’intérêt collectif, mais bien la capacité à capter du pouvoir dans un intérêt partisan bien déterminé, pour ne pas dire un intérêt personnel. À l’heure où la rage des électeurs crée des surprises un peu partout dans les plus grandes démocraties, la classe politique libanaise semble bien peu encline à remettre en cause ses pratiques.
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