Un article du Dossier
L’expresso : vitrine d’un marché du café en ébullition
C’est une nouvelle page de son histoire qu’Abi Nasr s’apprête à écrire. Début 2017, l’entreprise délaissera son siège de Jounié pour transférer l’essentiel de son activité dans une usine ultramoderne dans le village de Ghazir à cinq kilomètres plus au nord. « Nous allons passer d’une capacité de production de 1 250 kg de café torréfié par heure à 2 500 kg », expose Firas Abi Nasr. Pas question pour autant pour celui qui a succédé à son père en 1998 de condamner le siège historique où l’entreprise a vu le jour en 1956 (il sera transformé en musée et certaines machines continueront de tourner). À cette date, Rafic Abi Nasr tient à Jounié une modeste épicerie. Comme dans n’importe quel petit commerce de l’époque, il y torréfie le café à la main, avant de le revendre en grain. Mais le marché est alors désert et Rafic Abi Nasr se lance dans la distribution de masse. Au fil des années, des machines à torréfier toujours plus sophistiquées s’installent derrière le comptoir de l’épicerie, tandis que les graines de café vert en provenance du Brésil inondent l’entreprise. « Nous importons près de 1 900 tonnes de café vert chaque année », déclare Firas Abi Nasr. Si la majeure partie se destine encore très largement à la production du café libanais (85 % de sa production en 2015, près de 10 millions de dollars de chiffre d’affaires), le reste est consacré au café filtre avec Western Cup (4 % de sa production), mais aussi à l’expresso (11 %), un segment vers lequel le groupe s’est tourné à partir de 2001 avec la création de sa filiale Prestigio. L’arrivée de Firas Abi Nasr à la tête de l’entreprise n’y est pas étrangère. L’actuel directeur se dit lui-même un « spécialiste de l’expresso », une compétence acquise dans les années 1990 lors de ses études entre l’Italie et l’Allemagne. En 2015, il rapportait à l’entreprise près de 1,5 million de dollars grâce aux 1 500 points de commande répartis entre les secteurs de la restauration et de l’hôtellerie, les commerces et les bureaux. « Avec les particuliers, on peut arriver à 1 800 », précise Firas Abi Nasr. Chez lui, le café en grain (70 % de sa production) à destination des professionnels supplante largement les dosettes (30 %). Quand la plupart des acteurs du secteur se sont embarqués sur le marché des capsules à la fin des années 1990, Firas Abi Nasr a fait le choix de s’abstenir. « Je me contente d’essayer de nouvelles choses en introduisant de nouveaux goûts », explique-t-il. Pour justifier ce positionnement, le directeur met en avant les résultats de son entreprise. « Chaque année, nous nous fixons l’objectif de faire entre 5 à 7 % de plus sur nos ventes (café libanais et expresso compris), parfois on y arrive, d’autres fois on en est proches. Si l’on prend par exemple nos résultats sur les dix dernières années, l’objectif est rempli avec une progression annuelle moyenne de 7 % entre 2005 et 2015. »