«Le Liban est le pays le plus transparent du monde en matière de gestion du secteur pétrolier et gazier. » L’affirmation vient du ministre de l’Énergie, César Abi Khalil. Elle fait bien entendu sourire quand l’on sait la façon dont les principaux textes régissant le secteur sont adoptés, ou qu’il n’y a aucune obligation légale de divulgation de l’identité des actionnaires des deux seules sociétés libanaises préqualifiées en 2013 pour le premier tour d’attribution de licences pour l’exploration de gaz et de pétrole au large du Liban… Le ministre explique que l’objectif du gouvernement d’union nationale est justement de rétablir la confiance des Libanais dans leur classe politique tant celle-ci est au plus bas. Le principe est louable, mais il faudra des actes davantage que des mots pour y parvenir. Les soupçons les plus fous – cyniques ? – entourent déjà la réouverture de la phase de préqualification qui déterminera l’identité des sociétés appelées à la première phase de l’histoire pétrolière du Liban. Car dans un pays qui s’enfonce dans les classements internationaux en matière de corruption, il ne faut pas être devin pour imaginer la façon dont la manne annoncée aiguise les appétits. Cela dit, il ne suffit plus de dénoncer et de mettre en garde tout en restant les bras croisés. L’enjeu de la gestion du secteur pétrolier est tel pour la société libanaise – celle d’aujourd’hui et des générations à venir – qu’un sursaut politique est indispensable : elle doit s’organiser pour mettre en œuvre des moyens de pression véritables destinés à garantir la transparence et l’affectation intelligente des futures ressources gazières et pétrolières. Les trois années de “retard” dans le calendrier des appels d’offres n’ont malheureusement pas été suffisamment mis à profit par la “société civile” pour créer un tel rapport de force.
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