Un journaliste ne parle généralement pas à la première personne : le métier suppose la distanciation. Je le fais pour la première fois depuis que je dirige la rédaction du Commerce du Levant pour remercier tous ceux d’entre vous qui ont lu, apprécié, critiqué, encouragé, aiguillonné notre travail. Onze années d’enthousiasme, de joies, de frustrations, de rencontres… et une conviction bien ancrée : le journalisme a une fonction d’autant plus essentielle au Liban que son système politique est en lambeaux et son modèle économique en faillite. Mais l’exercer correctement et honnêtement est difficile pour ces deux mêmes raisons, auxquelles s’ajoute la crise propre au secteur des médias qui lutte pour retrouver un modèle économique viable. J’ai tenté de le faire de mon mieux et ai le plaisir de passer le relais à Sahar al-Attar afin qu’elle poursuive avec vous et toute l’équipe du Commerce du Levant la belle histoire d’un titre qui fête bientôt ses 90 ans. Et cette mission : informer de façon concise, précise et claire, afin de permettre à chacun de se forger une opinion. Les défis qui se posent au Liban sont majeurs, des bouleversements géopolitiques régionaux à l’impact des réfugiés syriens en passant par la menace d’une crise financière… alors que l’État, phagocyté par une structure de pouvoir communautaro-clientéliste, n’est plus en mesure d’y répondre. Un nombre croissant de Libanais, établis à l’étranger ou vivant ici, ont décidé qu’ils devaient tenter d’y remédier en réinvestissant le champ politique. Je rejoins l’un de ces mouvements avec l’espoir de vous y retrouver bientôt. L’État c’est nous.
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