Le centre Georges Pompidou vient d’acheter une toile du peintre Paul Guiragossian.
Le centre Georges Pompidou vient d’acheter une toile du peintre Paul Guiragossian, dénommée “À travers le temps” et datée de 1986. D’un format relativement modeste (90 x 80 cm), cette huile rejoint la collection permanente du musée français, qui ne détenait jusqu’à présent aucune œuvre du grand peintre libanais, d’origine arménienne. Si le montant de la transaction reste confidentiel, la Fondation Paul Guiragossian, qui gère le patrimoine artistique du peintre décédé en 1993, confirme que l’œuvre a bien été achetée. Selon Manuella Guiragossian, présidente de la fondation, « celle-ci a accepté de faire un prix spécial vu l’importance du musée ». Les musées sont en effet habitués à acheter à “prix d’ami”, souvent à moitié prix par rapport aux cours du marché, voire même à recevoir en donation. On peut se faire une idée de l’enjeu financier en comparant cette acquisition avec d’anciennes transactions sur des œuvres de Paul Guiragossian, de taille ou d’époque similaires, évaluées entre 100 000 et 200 000 dollars. L’acquisition a été diligentée par la commission d’acquisition du Centre Pompidou grâce au soutien de la Société des amis du musée national d'art moderne. Davantage cependant que le prix, cette vente se révèle primordiale pour la reconnaissance du peintre Paul Guiragossian sur la scène internationale. « Si les tableaux de mon père se retrouvent dans les collections privées de grands amateurs d’art du monde entier, c’est la première fois cependant qu’un musée de cette envergure s’en porte acquéreur », se félicite Manuella Guiragossian. La collection permanente du Centre Georges Pompidou regroupe plus de 100 000 œuvres et constitue, comme le rappelle le site du musée, « l’un des premiers ensembles mondiaux de référence pour l’art du XXe et du XXIe siècles ». Certains Libanais y figurent déjà comme Etel Adnan, Mona Hatoum ou encore Chafic Abboud. « Cette reconnaissance est d’autant plus importante que mon père a fait ses études dans les années 1960 en France, auprès de l’Atelier des maîtres de l’école de Paris. Il a beaucoup exposé à Paris, notamment à l’Institut du monde arabe. Il avait d’ailleurs été nommé Chevalier de l'ordre des arts et des lettres en 1984 par le ministre de la Culture de l’époque, Jack Lang. » « Mon père ne croyait pas à la nouveauté dans l’art. Il se plaisait, au contraire, à reprendre des thèmes ou des techniques qu’il avait essayés par le passé. C’est typiquement le cas de cette toile qui reprend un thème fréquent dans son travail au début des années 1970 : “A travers le temps” s’inscrit ainsi dans sa veine minimaliste. On y voit des figures longilignes qui s’unissent. Parmi elles, peut-être sa mère, vêtue de noir. Elle avait fui la Turquie pendant le génocide arménien. Dans ce tableau, elle semble « passer le relais » aux nouvelles générations, dont les formes, marquées de couleurs, sont très joyeuses, très ludiques. » Paul Guiragossian figure parmi les artistes libanais les mieux cotés : en 2013, l’une de ses toiles, “La lutte de l’existence”, datée de 1988, a été adjugée 605 000 dollars (commissions incluses) chez Christie’s. Un record inégalé jusqu’à ce jour pour un artiste libanais.