Le Liban fait son cinéma
Le quatrième long-métrage de Ziad Doueiri est sorti le 14 septembre dans dix-huit salles libanaises. Sacré au festival de la Mostra de Venise avec le prix du meilleur acteur pour Kamel el-Basha, le film ambitionne d’exister aussi à l’étranger.
L’insulte aurait pu ne jamais être proférée. Fin 2015, les producteurs du quatrième long-métrage de Ziad Doueiri avaient beau avoir décroché l’aide des cinémas du monde du CNC (180 000 dollars), obtenu un apport de la Belgique via la société de production Scope Pictures (360 000 dollars), vendu le film à la chaîne de télévision Canal+ (300 000 dollars) et assuré la distribution en France par Diaphana et les ventes internationales avec Indie Sales (360 000 dollars), le compte n’y était pas. Sur les trois millions de dollars nécessaires, 1,8 million restaient à trouver. « La facture était élevée, mais on ne pouvait pas tailler dans le budget, explique Jean Bréhat, gérant de Tessalit Productions, déjà aux côtés de Ziad Doueiri pour “West Beyrouth” (1998) et “L’Attentat” (2012). « Le film nécessitait neuf semaines de tournage, des mouvements de caméras, beaucoup de comédiens. À la fin 2015, j’avais laissé tomber », confie-t-il. C’est à ce moment qu’Antoun Sehnaoui, propriétaire d’Ezekiel Productions (par ailleurs PDG de la Société générale de banque au Liban), approche Ziad Doueiri. Et complète la différence. « En six mois, tout s’est débloqué, nous avons réglé toute la paperasse et nous étions prêts », témoigne Jean Bréhat, coproducteur délégué sur le film. Près de deux ans plus tard, “L’Insulte” faisait son entrée dans dix-huit salles libanaises. Le quatrième long-métrage de Ziad Doueiri se penche sur les relations libano-palestiniennes. Dans un Beyrouth contemporain, une futile dispute amène un chrétien maronite Toni (Adel Karam) et un Palestinien Yasser (Kamel el-Basha) devant les tribunaux. Le procès, caisse de résonance des plaies encore ouvertes de la guerre civile, plonge le Liban au bord de l’explosion sociale. « Le dernier film de Ziad, “L’Attentat”, avait réalisé en France entre 480 000 et 600 000 dollars de recettes, relève Jean Bréhat. Si “L’Insulte” fait aussi bien, on peut espérer qu’il soit rentable. » Dans ce cas, Ezekiel pourra rembourser les frais engagés avant éventuellement de répartir les bénéfices avec les autres boîtes de production présentes sur le film (Rouge international, Tessalit Productions, Scope Pictures, Douri Films). “L’Insulte” doit être diffusé dans le monde arabe (Bahreïn, Dubaï, Égypte, Jordanie, Koweït) via Italia Film, propriété de Giuseppe Vincenti. Le groupe Cohen Media – déjà partenaire sur le dernier film de Ziad Doueiri “L’Attentat” – fera de même à partir de janvier sur le continent nord-américain. Le mois dernier, le film inaugurait sa tournée dans les festivals. Projeté à Toronto, au Canada, et à Telluride, aux États-Unis, le long-métrage brillait surtout sur le tapis rouge du festival de la Mostra de Venise, où l’acteur palestinien Kamel el-Basha décrochait le prix du meilleur acteur. “L’Insulte” représentera le Liban aux Oscars en mars dans la catégorie du “Meilleur film en langue étrangère”.
“L’Insulte” Réalisation : Ziad Doueiri Production : Ezekiel Productions, Rouge international, Tessalit Productions, Douri Films, Scope Pictures Budget : 3 millions de dollars Financement : Antoun Sehnaoui, Aide aux cinémas du monde (CNC), Canal+ Distributeurs : Diaphana, Indie Sales |